Nous avons déjà écrit que Kings Of Leon (KOL) ressemblait à du CCR sur les amphétamines. C'était partiellement vrai hier soir au Centre Bell. Le groupe du Tennessee évoquait parfois les rockeurs sudistes sur les amphétamines, mais parfois aussi sur la codéine.

Les trois frérots Followill et leur cousin de guitariste ont parcouru beaucoup de chemin depuis leur enfance hyper austère avec un père pasteur pentecôtiste. En quelques années, ils sont devenus de jeunes rockeurs délurés et plutôt confidentiels, puis récemment les nouvelles coqueluches du rock.

Il y avait 8453 fans hier, soit environ 100 fois plus que lors de leur dernier passage à Montréal, au Club Soda en octobre 2005. La principale raison: leur dernier disque plus accessible, Only by the Night, et son succès Sex on Fire.

Au milieu du concert, le chanteur Caleb Followill pestait contre ceux qui l'accusent d'avoir vendu son âme pour remplir des arénas. Vrai qu'il est puéril de taper sur le succès, et qu'on renie parfois trop facilement ceux qui osent tourner à la radio commerciale.

Mais sans faire de procès d'intention, on peut simplement souligner ceci: la fadeur relative de certaines nouvelles pièces comme I Want You a transformé hier soir le milieu du concert en trop longue pause café jouée sur le pilote automatique.

Sur scène, les Followill ont une présence timide, sans trop de magnétisme. La mise en scène ne suffit pas pour compenser, avec ses deux rangées de projecteurs lumineux, et la série d'écrans placés très haut par-dessus. Mis à part ces dispositifs, on croyait assister à un spectacle conçu pour une salle comme le Métropolis et perdu dans le Centre Bell. Peut être que cela expliquait l'enthousiasme par moments un peu modéré de la foule.

Mais ces petites déceptions s'expliquent aussi par nos grandes attentes. KOL n'avait pourtant pas déçu avec son intro surprenante: un bref enregistrement du Requiem de Mozart, suivi de Closer, superbe ballade sur un célibataire qui se sent redevenir une île.

On découvrait alors l'immense talent de Caleb Followill. Il ouvre la bouche, laisse échapper un «ah», s'y accroche et le module puis nous renverse, carrément.

Ce talent a été mis à l'épreuve par son sonorisateur sur True Love Way (pas la pièce popularisée par Buddy Holly). Il rageait contre ses moniteurs, qu'il semblait vouloir lancer au bout de ses bras. Mais même s'il s'entendait mal, nous (de la section des rouges du moins) ne pouvions pas nous plaindre du son.

KOL a aussi balancé d'exaltantes salves rock'n'roll, à commencer par Charmer, avec des images tirées du film Psycho montrées sur les écrans pour appuyer les cris. C'est cette énergie qu'on voulait et qui manquait parfois.

Le chanteur a perçu le même flegme en début de soirée chez certains fans. À son appel, le Centre Bell s'est levé et est resté debout la majorité du temps. Plus tard au rappel, il a joué à Axl Rose en brandissant un doigt d'honneur aux «emmerdeurs» qui restent assis en première rangée.

Au moins, il mettait la même fougue dans ses chansons. When you think I'm dead/I'll still be running from the demons in my head, s'écorchait-il dans la décharge finale, Black Thumbnail. On en aurait pris plusieurs autres comme celle-là.