Poursuivant son intégrale Bach entreprise en 1991, la claveciniste Mireille Lagacé faisait salle absolument comble au Bon-Pasteur jeudi soir avec un programme groupant surtout des pages peu familières. Elle jouait sur son propre clavecin, un instrument à deux claviers du facteur américain Keith Hill.

Le récital -un peu plus d'une heure, sans entracte- s'ouvrait sur la Suite en mi bémol, BWV 819, oeuvre en six mouvements, indépendante des Suites anglaises et françaises, moins intéressante aussi que ces dernières. Jouant avec la partition (pratique répandue chez les clavecinistes), la musicienne y apporta une continuelle application, exécutant toutes les reprises sans exception, ce qui doublait très précisément la durée de l'oeuvre, et variant peu le second énoncé sauf dans la couleur instrumentale par une alternance des deux claviers.

Suivaient, deux préludes et fugues en mineur du deuxième livre du Clavier bien tempéré, joués en ordre inverse: BWV 887, en sol dièse, et BWV 883, en fa dièse. Là encore, des lectures appliquées, le fait d'un professeur plutôt que d'une flamboyante performer. On peut ignorer quelques petites fautes au passage; on souhaiterait simplement un peu plus de relief dans les ornements.

Le Prélude en sol majeur, BWV 902, est accompagné d'une Fughetta dans certaines éditions, mais ce couplage est controversé et Mme Lagacé décide de ne pas la jouer. Elle a gardé le meilleur pour la fin: la très longue Toccata en ré mineur, BWV 913, en cinq sections contrastantes qu'elle déploie brillamment sur tout l'ambitus de l'instrument.

MIREILLE LAGACÉ, claveciniste. Jeudi soir, Chapelle historique du Bon-Pasteur.