Talons aiguilles, bas résille, plumes, froufrous, ces accessoires renvoient à un univers où sensualité ne rime pas obligatoirement avec nudité. Créé l'an dernier au Lion d'or et de nouveau présenté au Cabaret du Casino, le spectacle musical Les Zeffeuilleuses revisite une époque pas si lointaine où le désir était abordé de manière plus «poétique». Une pointe d'humour en prime.

La culture populaire est de plus en plus influencée par la pornographie. Inévitablement, cela influe sur la façon d'aborder les jeux de séduction. Or, la sensualité n'a pas grand-chose à voir avec une actrice porno au bord de l'évanouissement deux minutes après avoir ouvert la porte à un faux plombier au torse épilé. «La sensualité et la pornographie, ce sont deux mondes», juge d'ailleurs la comédienne Marie-Anne Alepin, l'une des créatrices du spectacle Les Zeffeuilleuses.

Le «Z», on s'en doute, n'est pas qu'une coquetterie, c'est un avertissement. Une manière de dire que cette création collective construite autour de grandes figures féminines de la chanson des années folles aux sixties n'est pas un spectacle érotique. Le but n'est donc pas de permettre à ces messieurs de se rincer l'oeil. «Un peu quand même, mais ça reste de bon goût», précise la comédienne.

Dans le spectacle, Marie-Anne Alepin est Mimi, la «merveilleuse». Son amie Karine Ricard est Kiki, la «coquine», alors que Marie-Ève Soulard La Ferrière est Lili, la «langoureuse». Trois archétypes de séductrices qui donneront vie à un répertoire jadis porté par Dalida, Édith Piaf, Joséphine Baker, Marilyn Monroe, Nina Simone ou Brigitte Bardot. Des airs archis-connus comme Paroles, Paroles, I Want to Be Loved by You ou Besame Mucho.

«On a de belles chansons quétaines!» s'amuse Marie-Anne Alepin. S'amuser, c'est d'ailleurs ce que ses copines et elle ont décidé de faire. Avec un coup de pouce de Louise Lussier aux chorégraphies, de Manon Vallée à la mise en scène et du Zapartiste François Parenteau en maître de cérémonie. «Ça nous prenait un beau garçon, alors on s'est arrêtées sur lui, raconte Marie-Anne Alepin. Il a concocté des petits numéros pour nous aider à lier les chansons et pour faire rire les spectateurs pendant les changements de costumes.»

La séduction passe parfois par l'humour et c'est une arme dont les Zeffeuilleuses n'hésitent pas à user pour séduire leur public. Marie-Anne Alepin prononce plusieurs fois le mot «burlesque» en évoquant l'approche adoptée pour certains numéros. C'est une manière de désamorcer l'érotisme, mais aussi un rappel de l'esthétique où les clins d'oeil coquins n'étaient pas toujours très subtils. L'aspect humoristique du spectacle passe aussi par les musiques, arrangées et interprétées par un groupe de quatre musiciens: Alexis Dumais (piano), Charles Imbeau (trompette), Jean-Sébastien Nicol (batterie) et Jean-Philippe Pelletier (basse).

«On fait ça pour montrer qu'avant, la sensualité était plus poétique, plus glamour, comparativement à aujourd'hui, où c'est plus cru, résume Marie-Anne Alepin. Pour montrer que la force des femmes réside depuis toujours dans la sensualité, dans la séduction, et c'est le fun de voir toutes les formes que ça peut prendre.»

Les Zeffeuilleuses est présenté les mercredis, jeudis et dimanches du 1er au 19 avril, à 13h30, au Cabaret du Casino de Montréal.