À la sortie de Parc Avenue au début de 2008, Plants and Animals a récolté les éloges de la critique montréalaise, sans compter celle de moult médias spécialisés à travers la planète rock. Après s'être produit un soir de février à la Sala Rossa, le trio s'était ensuite éclipsé... jusqu'à jeudi. Au terme d'une année intense de tournée, il était très attendu à La Tulipe, remplie de fans majoritairement anglophones.

Pour nombre d'observateurs de notre scène indépendante, Plants and Animals fait déjà partie de la crème. Et pour cause, ai-je constaté jeudi soir entre 22h30 et minuit. Sans moyens considérables pour créer l'événement, le groupe a convié plein d'amis musiciens à venir le rejoindre sur scène et ainsi interpréter un répertoire principalement axé sur les chansons de l'excellent Parc Avenue.

 

Cuivres, violon, claviers et lap steel ont ainsi étoffé l'intense performance de Warren Spicer (chant et guitares), Nicolas Basque (guitares, basse et claviers) et Matthew Woodley (batterie), visiblement heureux de rentrer au bercail après avoir tenté de faire vibrer des lieux moins propices. Il ne faut pas toujours idéaliser ce métier; même si Plants and Animals a séduit une avant-garde d'amateurs, le trio doit faire ses classes et emprunter les voies de desserte.

À La Tulipe, cependant, il est entré par la grande porte.

Premier constat: les arrangements soignés de Parc Avenue sont revisités avec un esprit plus rock, plus costaud, idéal pour les secousses de fin de soirée. Personnellement, je préfère une plus grande clarté orchestrale sur scène, mais bon, il faut que jeunesse rocke! De surcroît, il faut admettre qu'un trio réduit doit s'autoriser de tels emportements avec tout ce qu'ils comportent d'approximation dans le jeu. Cela, d'ailleurs, n'est pas sans rappeler la facture des jam bands (Grateful Dead, Phish et autres Dave Matthews), facture à laquelle Plants and Animals confère une plus grande sophistication.

Glabre pour sa rentrée hivernale (on le savait plus poilu!), le chanteur Warren Spicer a d'abord entonné Lola, Who? dans un maelström de percussions et de guitares - le trio use souvent de deux guitares, ce qui exclut la basse. Un peu plus tard, le groove irrésistible de la chanson Good Friend a rempli l'espace, violon à l'appui. L'allégeance montréalaise de Plants and Animals a ensuite été soulignée avec À l'Orée des bois, chanson bilingue qui n'aurait pu être créée ailleurs que dans cette île.

Apogée du psychédélisme

À maintes reprises, on nous a servi des musiques qui auraient pu fort bien être créées à l'apogée du psychédélisme, c'est-à-dire à une époque où ces hommes n'étaient pas encore nés. C'est dire leur respect des époques antérieures, qu'il s'agisse de folk, rock, folk-rock, country rock, space rock, new wave, post-rock et autres références absolues ayant marqué la pop de création depuis les années 60. À l'instar des meilleures formations de cette génération, Plants and Animals a tout absorbé.

Dans New Kind of Love, par exemple, une chanson acoustique se transforme progressivement en pop orchestrale, le jeu de guitare à l'africaine rappelle celui de Paul Simon ou même des Talking Heads. En plus corrosif, il faut dire, ce qui justifie amplement la relecture d'Argument du groupe hardcore Fugazi, prélude à la superbe Faerie Dance qui a les allures d'une suite orchestrale pour jam band.

Avant le rappel, neuf personnes se trouvaient sur scène pour nous balancer Bye Bye Bye, l'ouverture de Parc Avenue, ce qui a déclenché une ovation bien sentie. Inutile d'ajouter que les rappels ne se sont pas fait attendre.