Alors comme ça, Michèle Richard tire sa révérence? Il est quand même étrange que la chanteuse ait choisi son 50e anniversaire de vie artistique pour entreprendre sa tournée d'adieu. Tiendra-t-elle ses promesses? Ça, c'est une autre question. Chose certaine, la dame était bien en chair sur la scène de l'Étoile à Brossard, mercredi soir, pour renouer avec son public.

Sans surprise, l'interprète de 62 ans a joué à fond la carte de la nostalgie et de la complicité de longue date. Projections de photos et reprises d'anciens succès ont ponctué ce spectacle plutôt bien mené et bien exécuté (cinq musiciens dirigés par Daniel Piché) malgré les longueurs.

 

La première partie, particulièrement rétro, ressuscitait la chanteuse à gogo des années 60. Michèle Richard a enfilé ses succès yéyé (Quand le film est triste, Ça va je t'aime, Les boîtes à gogo, La plus belle pour aller danser) et disco (Je survivrai) sous le signe du temps qui passe et de la jeunesse perdue. Belle séquence, sauf peut-être cet hommage à Claude Blanchard, posé comme un cheveu sur la soupe et inutilement long.

La seconde partie fait place à la chanteuse «mature», celle des manteaux de fourrure et des «freckles» sur la poitrine (qu'elle n'a plus, dit-elle!). L'époque des cabarets fait place à celle du Garden party (Versez-moi du champagne) et des ballades mid-tempo (Je suis libre). Après une parenthèse «fille à papa» (hommage à Ti-Blanc Richard), Michèle Richard se transforme en femme à hommes. Les pantalons prennent le bord et elle dévoile ses jambes en bas résille pendant de très, très longues minutes. «Elle est vraiment game...» me souffle l'amie qui m'accompagne, un peu éberluée.

Ben oui. Michèle Richard est «game». Et si on a bien compris, c'est justement ce qui plaît à son public. La chanteuse n'a pas eu de succès radio depuis des lustres. Malgré tout, elle continue d'exister pour le plus grand plaisir de ceux et celles qui n'ont jamais cessé de l'aimer, avec ou sans «hit».

C'est le cas de Manon Duranleau, qui était la femme la plus heureuse au monde mercredi soir. «Je l'écoute chaque jour, nous a dit Manon à l'entracte. C'est mon idole. Parce qu'elle est belle et qu'elle n'est pas hypocrite. Quand elle a de quoi à dire, elle le dit.»

Manon, 49 ans, vient d'Hochelaga-Maisonneuve. Elle vit de l'assistance sociale parce qu'elle fait de l'arthrose de la tête aux pieds. Malgré tout, elle a dépensé plus de 200 $ pour venir voir Mme Richard à Brossard. «60 $ de taxi aller, 60 $ retour, plus 89 $ de billets», dit-elle. Vous avez dit inconditionnelle? C'est encore pire. «Je l'aime tellement que si elle meurt, je meurs aussi», a dit Manon.

Pas de doute, Michèle Richard a des fans finis. Tant mieux pour elle. Qui d'autre sinon, pour supporter cette voix - somme toute bien ordinaire - de vamp du 450? En ce qui me concerne, de toute façon, il y a longtemps que la dame est devenue plus qu'une chanteuse. Son personnage de diva hystérique, pseudo-glamour et star dans sa tête, fait tout simplement partie de notre patrimoine populaire.

On peut en rire. Ou on peut l'applaudir.

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Michèle Richard en spectacle, ce soir à Valleyfield (Restaurant du Boulevard), demain à la Présentation (Salle Chez Jacques) et dimanche à Sherbrooke (Théâtre Granada).