Il s'agit peut-être d'une comète de grande dimension qui vient de faire son apparition dans le ciel parisien. Avant même qu'on ait eu le temps de constater son arrivée en France, le Pascale Picard Band casse la baraque à la Cigale, très belle salle du quartier Pigalle, devant 1200 spectateurs survoltés.

Puis, devant une brochette de personnalités du showbiz, l'étonnante rockeuse de Québec reçoit un disque d'or. Pour un album sorti le 30 juin dernier - autant dire que les deux mois d'été ne comptent pas -, il y a déjà 75 000 exemplaires vendus, un démarrage tout à fait exceptionnel pour une inconnue. Surtout par ces tempes de crise dans une industrie du disque sinistrée par le piratage.

 

Indéniablement, il s'agit d'un phénomène comme on n'en voit pas si souvent. À peine apparue dans le paysage parisien, Pascale Picard a de toute évidence un fan club. La moitié de la salle, hier soir, connaissait par coeur plusieurs des morceaux du spectacle. Il y a un extrait - Gate 22 - qui tourne en permanence sur trois ou quatre radios musicales, Virgin, RTL, NRJ entre autres.

«Jamais on n'aurait pensé vendre aussi rapidement autant d'albums, nous disait hier soir son agent Paul Dupont-Hébert. On pensait plutôt que ça allait mijoter tranquillement tout l'été, et que les ventes allaient démarrer tout doucement au mois de septembre. Ce qui se passe actuellement est exceptionnel.»

Deux heures avant le spectacle, j'ai rendez-vous avec le «band» au complet au chic et discret hôtel Costes, près du Trocadéro. Pascale Picard, qui a sur scène une présence physique de ro-ckeuse incroyable, a l'air d'une gamine en personne, et on ne lui donne même pas ses 24 ans. Épatée de ce qui lui arrive, et en même temps elle a l'air de trouver ça normal. Ou plus exactement: elle ne suit pas vraiment le détail de l'opération. Elle ne sait plus si elle est venue quatre ou cinq fois en France depuis le printemps. Et confond un peu les lieux et les dates où ils se sont produits sur scène, dans des spectacles collectifs.

Il y a eu Bobino, puis la Fête de la musique le 21 juin. Un ou deux spectacles en province. Il y a eu cette invitation à Taratata, émission de variétés de qualité, la seule pratiquement où l'on ne chante pas en playback. Une date importante, sans contredit mais, manque de chance, personne du groupe ne l'a vue lors de sa diffusion: «Nous étions dans une chambre d'hôtel où le câble était en panne», explique la chanteuse. Autant dire qu'elle ne suit pas le planning au jour près.

«Tout ce que je sais, dit-elle, c'est que les choses vont beaucoup plus vite que prévu. Ce spectacle à la Cigale devait être une sorte de showcase comme cela se fait quand on débarque avec un nouvel album en terre inconnue. Normalement, on a 400 ou 500 spectateurs payants, et on complète avec des journalistes, de professionnels et des invités. Or on va jouer ce soir à guichet fermé. Les 1200 billets ont quasiment tous été vendus.»

Le succès est tel qu'on a déjà prévu deux soirées en mars au Bataclan, une salle de dimension moyenne de la Bastille, mais qui constitue une référence. Et puis l'Olympia? En tout cas, son propriétaire était à la Cigale hier soir et se répandait en éloges sur cette nouvelle «révélation».

Pendant près de deux heures, alors qu'elle alternait quelques morceaux plus lents comme Smilin'!!! avec en majorité des musiques rock très musclées, servies par de remarquables musiciens, Pascale Picard a littéralement envoûté la salle, qui se manifestait volontiers par des ovations pour saluer les temps forts au beau milieu des morceaux. Et l'ovation finale a été impressionnante.

Et puis on est passé aux honneurs et aux affaires professionnelles. Remise de ce premier disque d'or au milieu d'un cocktail fort mondain dans les coulisses. Le PDG d'Universal France, Pascal Nègre, avait fait le déplacement: «Ce qu'elle fait est tout simplement exceptionnel, nous la soutenons à fond», nous disait-il.

Les choses vont si vite que tout le monde, hier soir, regardait déjà au-delà des frontières françaises. Des représentants d'Universal-Grande-Bretagne avaient eux aussi fait le déplacement - et Londres est considérée comme la seconde capitale internationale du showbusiness, juste après New York.

La comète Pascale Picard Band, from Quebec City, est en orbite. On ne sait pas jusqu'où. Mais ça va très vite.