Maurice Steger, le virtuose suisse de la flûte à bec, nous revient pour deux concerts, de nouveau avec Bernard Labadie et ses Violons du Roy, mais cette fois à la nouvelle salle Bourgie. Donné hier soir, le programme est repris presque tel quel cet après-midi, 14h: on omet l'entracte, on coupe une oeuvre, mais on ajoute boissons et biscuits gratuits et rencontre avec le musicien.

La précédente visite de M. Steger, en juin 2010, m'avait inspiré ce titre: «Jouer de la flûte à bec, quel bonheur!». Le plaisir que l'invité prenait à faire ce métier était à ce point contagieux. Même impression deux ans plus tard. En fait, je pourrais reprendre à peu près textuellement tout ce que j'écrivais alors, en changeant simplement les titres.

Pas tout à fait. Les deux concertos pour cordes et pour flûte à bec de Geminiani, «d'après Corelli», qui terminent le programme de cette année terminaient aussi le programme de 2010. Je l'avais complètement oublié. MM. Steger et Labadie avaient peut-être oublié eux aussi les avoir donnés, tant ces concertos baroques se ressemblent et ressemblent à tout ce qui précède.

Maurice Steger en 2010 ou Maurice Steger en 2012, c'est donc la même chose. L'homme sourit tellement qu'il en grimace, il danse en jouant, termine une phrase en pirouettant vers les musiciens comme pour leur dire «À vous maintenant!». Avant tout, il joue de la flûte à bec avec une virtuosité déconcertante, une énergie qu'on dirait inépuisable, une sonorité riche en couleurs, de la musicalité, de l'expression et même de l'humour.

Malgré cet entier engagement, la musique qu'il défend reste d'un intérêt fort limité. Je ne voterais certainement pas pour un retour annuel. Mais le public pense sans doute autrement, si j'en juge par l'ovation qu'il a reçue. Il a répondu par un rappel qu'il n'a pas daigné identifier. Le représentant des Violons du Roy précise: extrait du Concerto op. 3 no 9 de Vivaldi.

En flûte à bec, le programme comprend encore une suite de Telemann et un concerto de Sammartini. Concernant les instruments utilisés, on indique «flûte à bec alto», «flûte à bec soprano» et ...« flûte à bec».

Labadie ouvre le programme avec le Concerto grosso op. 6 no 7 de Handel. La chaleur des cordes y est remarquable et le violon-solo Nicole Trotier y brille déjà. Dans ce qui suit, le chef dialogue étroitement avec le soliste et confère du caractère à chaque mouvement de chaque oeuvre.

LES VIOLONS DU ROY

Chef d'orchestre : Bernard Labadie.

Soliste : Maurice Steger, flûte à bec.

Hier soir, salle Bourgie du Musée des beaux-arts.

Reprise auj.,14 h.