Même avec un remplaçant comme second-violon, le Quatuor St. Lawrence a donné une prestation solide lundi soir à Pro Musica. Le violoniste montréalais Mark Fewer remplace présentement Geoff Nuttall, en congé de paternité, au sein de l'ensemble torontois. Mais on n'était aucunement conscient du changement, ce qui témoigne du haut professionnalisme du St. Lawrence et du violoniste invité.

Deux classiques en début et en fin de programme: le quatrième Quatuor de l'op. 18 de Beethoven et le dernier des 15 Quatuors de Schubert. Entre les deux: le deuxième Quatuor que l'Argentin Osvaldo Golijov vient d'écrire pour le St. Lawrence.

Une certaine brutalité dans les tirés d'archet, au premier mouvement du Beethoven, est oubliée dès le mouvement suivant, un Scherzo aux délicats staccatos, annonciateur d'une oeuvre légère. Au Menuet, les musiciens accélèrent la reprise, comme le demande Beethoven. Au Rondo final, ils répètent l'exercice sur un ton humoristique en jouant la même phrase d'abord allegro puis prestissimo, tel qu'indiqué. Bravo jusque-là.

Du dernier Quatuor de Schubert, parmi les plus troublants du répertoire, le St. Lawrence offre une lecture très belle qui cependant pourrait être plus convaincante. Les trémolos qui agitent la très longue partition (ici, 48 minutes) prennent dans la claire acoustique de la Maison symphonique un relief inconnu à Maisonneuve et à Pollack. En même temps, et bien qu'on entende tout, on écoute un quatuor placé très loin. On s'y fera... ou on décidera de retourner dans une salle moins «symphonique».

J'ai d'autres réserves. Dans l'Andante, le violoncelle était un peu faux et, à la dernière page, les musiciens ont fait un grand «rallentando» non indiqué et bien inutile. Et ils ont pris trop lentement le finale pourtant bien marqué «Allegro assai».

On ne dit pas pourquoi le Golijov porte le titre de Kohelet et on laisse entendre que ses deux mouvements seront suivis d'un troisième. Pour l'instant, la pièce de 15 minutes, modérément intéressante, se ramène à un solo de violon sur un ostinato des autres instruments, suivi d'une conversation assez statique des quatre archets.

Après le Schubert, le St. Lawrence s'est empressé de donner un rappel et de retourner à Beethoven: Menuet du Quatuor op. 18 no 5. Pro Musica dédiait le concert à la mémoire de son directeur artistique, Pierre Rolland, décédé récemment. Dans les circonstances, les toux fracassantes et les applaudissements entre les mouvements paraissaient particulièrement déplacés.

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ST.LAWRENCE STRING QUARTET - Scott St. John et Mark Fewer (violons), Lesley Robertson (alto) et Christopher Costanza (violoncelle).

Lundi soir, Maison symphonique.

Présentation: Société Pro Musica.

Programme:

Quatuor no 4, en do mineur, op. 18 no 4 (1799) - Beethoven

Kohelet (Quatuor no 2) (2011) - Golijov

Quatuor no 15, en sol majeur, op. 161, D. 887 (1826) - Schubert