Plusieurs nouveautés à ce concert de l'OSM dont une partie seulement sera reprise. La première mention va au grand lauréat du 72e Concours OSM, Gordon Bintner, baryton de 23 ans choisi parmi 23 concurrents. Ce géant blond sorti de quelque univers wagnérien vient en fait de la Saskatchewan et étudie à McGill.

Il se présente comme «baryton-basse», selon la formule hybride couramment utilisée. Par sa tessiture et sa couleur, la voix est en effet une sorte de croisement entre le baryton et la basse, ce que démontre le choix des pièces. L'air de La Sonnambula est pour basse, l'air des Nozze di Figaro est pour baryton, et M. Bintner est bien à l'aise dans les deux. Même chose dans les Quatre Chansons de Don Quichotte de Jacques Ibert, composées pour la basse Chaliapine et chantées ici deux fois par le baryton José van Dam. Une réserve sur le français cependant: on comprend un mot ici et là, jamais une phrase complète.

Concernant la voix, c'est nettement un baryton plutôt qu'une basse qu'on écoute. Le chanteur offre davantage. Aisance en scène, musicalité et conduite vocale sont déjà celles d'un professionnel. La voix va certainement prendre encore du volume. Mais elle pourrait, telle quelle, assurer à son possesseur une importante carrière.

Le Norvégien Arild Remmereit, 49 ans, chef du Rochester Philharmonic, a repris le programme du chef d'abord annoncé et l'assure avec une énergie et une attention de tous les instants. Il accompagne le chanteur comme un vrai partenaire, pousse l'OSM à son maximum de puissance rageuse et de poésie subtile dans les Planets de Holst et dans le court Pluto qu'y a greffé Colin Matthews, tout cela après avoir lancé le concert dans une lecture mouvante et colorée d'une brève pièce de François Morel qui, du haut d'une loge, salue ce qu'il vient d'entendre.

Bref, Arild Remmereit crée assez d'impression pour justifier un retour à l'OSM et...pour qu'on fasse en sorte qu'il ne revienne pas!

Dans l'immédiat, le nouveau venu reprend les Planets vendredi, 10 h 30, aux «Matins symphoniques». Souhaitons que ces dames du Choeur de l'OSM chantent alors un peu plus juste...

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL et Choeur de femmes de l'OSM (dir. Andrew Megill).

Chef invité : Arild Remmereit.

Soliste : Gordon Bintner, baryton.

Mardi soir, Maison symphonique, série «Grands Concerts».

Programme :

Il faut inventer la terre (2003) - Morel

Air du comte Rodolfo, «Vi ravviso, o luoghi ameni», de La Sonnambula (1831) - Bellini

Quatre Chansons de Don Quichotte (1931) - Ibert

Air de Figaro, «Non più andrai», de Le Nozze di Figaro (1786) - Mozart

The Planets, op. 32 (1914-16) - Holst

Pluto - The Renewer (2000) - Matthews