À l'ère des possibilités technologiques multiples, heureusement qu'il y a encore des spectacles comme celui que Bon Iver a donné lundi soir au Métropolis. Des performances grandioses où l'intensité du moment présent est unique, où tout est une question d' «ici et maintenant», avec un public en symbiose avec un artiste.

Justin Vernon s'est fait connaître comme homme-orchestre, mais il est accompagné de neuf musiciens dans sa présente tournée. Sur papier, ce sont deux batteries, des percussions, des claviers, de multiples cordes, sans compter un trombone, une trompette et le saxophone du virtuose Colin Stetson. Mais sur scène, c'était un mariage qui frôle la magie.

Dès les deux premiers titres, Perth et Minnesota, WI, une explosion sonore insoupçonnée a jeté par terre les spectateurs. Que ce soit les voix de certains musiciens qui doublaient celle de Vernon, l'unisson des cuivres, la finesse des percussions, ou les basses bien bourdonnantes, l'ensemble bonifiait de façon saisissante des pièces qui sont déjà d'une grande richesse sur disque.

Vernon a alors souligné à la foule, pince-sans-rire, qu'il avait ajouté des musiciens à son groupe depuis son dernier passage à Montréal. Des musiciens qui ne sont pas aussi importants que les trois autres, mais qui sont «plus sexy». C'était presque étrange d'entendre Justin Vernon parler à la blague tellement il y a quelque chose de sacré quand il chante.

Il a poursuivi avec Towers et Holocene, la foule se laissant bercer par sa voix de falsetto poignante.

Le public a ensuite eu droit à Blood Bank, titre du premier EP de Bon Iver, réarrangé avec des rythmes galopants et un solo de guitare du tonnerre.

La douceur et la simplicité acoustique étaient plutôt au rendez-vous pour Flume. Puis un autre grand moment allait arriver pendant Hinnom, TX, avec ses effets sonores évoquant des gouttes d'eau.

D'une pièce à l'autre, c'était fascinant de voir à quel point l'amalgame musical de tous les instruments pouvait atteindre une cohésion parfaite servant tantôt de la puissance, tantôt de la délicatesse.

Après Michicant dont les ritournelles avaient l'effet berçant d'une boîte à musique, Justin Vernon a dit à la foule que c'était «awesome». Il se passait en effet quelque chose de grand dans le Métropolis.

Et les frissons étaient loin d'être terminés. Allaient suivre en rafale Re: StacksCalgary et Beth/Rest, aussi délicieusement eighties que sur le disque.

Vernon était fort ému par la réaction du public, promettant de revenir à Montréal bientôt. Pendant le rappel, il n'a pas eu de mal à convaincre les spectateurs de «crier» la finale de The Wolves (Act 1 & 2), telle une chanson à répondre.

Sous un déluge de cris et d'applaudissements, Vernon et ses musiciens ont dit au revoir à la foule avec la main sur le coeur.

Quatre nominations au gala des Grammy

Certains artistes sont populaires auprès d'un très grand nombre de gens. D'autres se démarquent plutôt par la relation très forte que leurs fans entretiennent avec leur musique.

En voyant les nombreux visages ébahis des spectateurs qui remplissaient le Métropolis à guichets fermés, lundi soir, on peut confirmer qu'il en est ainsi pour Bon Iver, par ailleurs nommé quatre fois au prochain gala des Grammy.

Ses musiciens et lui ont donné une performance inoubliable, qui restera gravée longtemps dans la mémoire des gens présents. Pour le plus grand bonheur de tous les fans de Bon Iver, on souhaite néanmoins qu'on fasse un disque live de la présente tournée.

En attendant, on va se remémorer ce moment précieux passé au Métropolis, le 5 décembre 2011.

Photo André Pichette, La Presse

Julien Vernon