Comme on le sait hélas! trop, le nom de la Montérégie est associé depuis quelque temps à tout autre chose que la musique. Pourtant, hier soir, la salle Maisonneuve de la PdA était le lieu de rencontre des trois principales formations que groupe l'Association des orchestres de Jeunes de la Montérégie, qui soulignait ainsi ses 36 ans d'existence.

La salle était remplie de parents et d'enfants qui ont écouté dans un silence absolu et ovationné les participants avec le plus grand enthousiasme.

Bien nommé, l'Ensemble Prélude servit d'introduction à la soirée. Il s'agit d'un orchestre à cordes (16 violons, deux violoncelles) composé d'enfants dont la plupart jouent sur de très petits instruments. Sa prestation de 10 minutes était constituée de pièces écrites par sa directrice, Zoé Dumais, qui est aussi violoniste. Mme Dumais n'écrit certainement pas en quart de ton. C'est plutôt l'intonation qui était en cause : uniformément fausse, jusque dans les pizzicatos de la troisième et dernière pièce. Mais il n'y a pas lieu de se scandaliser : il faut bien que ces enfants commencent quelque part!

On note d'ailleurs une amélioration avec le groupe suivant, l'Orchestre à cordes junior de la Montérégie, qui réunit 37 musiciens un peu plus âgés. Leur directrice Nicole Lauzière, elle aussi violoniste (voire ex-surnuméraire à l'OSM), réussit à les faire jouer juste ou presque juste, sans toujours les empêcher cependant de jouer, eux aussi, très faux, comme dans les arrangements de la Moldau de Smetana ou de la Polonaise militaire de Chopin donnée en rappel.

J'ai noté une belle sonorité du côté des violoncelles. En fait, ma principale réserve, ici, concerne le choix des pièces. J'aurais aimé entendre une oeuvre substantielle au lieu de cette dizaine de petites pièces de quelques minutes, dont quelques-unes sont bien insignifiantes.

Le principal intérêt du concert était la Shéhérazade de Rimsky-Korsakov jouée par l'Orchestre symphonique des Jeunes de la Montérégie, qui rassemble 80 musiciens. Son chef est, depuis 15 ans, Luc Chaput, hautboïste de formation et pédagogue actif tour à tour à Orford et à Lanaudière. M. Chaput dirige avec clarté et avec une égale attention à toutes les sections. Une gestuelle plus énergique et plus stimulante produirait certainement des résultats plus convaincants, mais cette exécution de la fameuse suite descriptive nous valut de longues séquences où l'orchestre tout entier sonnait bien et sonnait vrai.

Comme c'est souvent le cas chez les orchestres de jeunes, les cordes restent le principal élément à travailler. Ainsi, les violons ont un peu trop miaulé. Et pourtant, la justesse et la sonorité du violon-solo sont remarquables. Les bois sont fort beaux -- mention spéciale à ce hautbois qui sait tenir une note ! --  et, malgré quelques ratés de trompette et de cor, les cuivres sont étonnants.

Le grand orchestre fit aussi la création de Récit, pièce de 11 minutes dont l'auteur est son trombone-solo, David Désilets, 23 ans. M. Désilets sait faire sonner un orchestre, mais il manque d'idées. Sa pièce, ramassis de ceci et de cela, s'apparente à la musique de film. Le jeune musicien ferait mieux de s'en tenir au trombone.    

Répondant aux acclamations de l'assistance, M. Chaput bissa une partie de l'ouverture de Berlioz jouée en début de prestation. Jean-François Rivest assistait au concert. Sa fille Julie est assistant-violon-solo de l'orchestre.

ASSOCIATION DES ORCHESTRES DE JEUNES DE LA MONTÉRÉGIE. Dir. Luc Chaput, Nicole Lauzière et Zoé Dumais. Hier soir, salle Maisonneuve de la Place des Arts.