Jean-François Rivest clôturait hier soir avec Bruckner et sa septième Symphonie la saison de l'Orchestre de l'Université de Montréal. Avec la quatrième, dite Romantique, c'est la plus familière des symphonies du maître autrichien. C'est aussi, très certainement, celle qui a eu la plus grande visibilité dans cette ville.

Cette fréquentation locale de la Septième de Bruckner remonte à 1960, l'année où Josef Krips vint la diriger à l'OSM. Le même OSM la reprit trois fois avec Franz-Paul Decker: en 1969, 1976 et 2002. Zubin Mehta vint la donner avec le Philharmonique d'Israël en 1976 et la reprit avec l'OSM en 1984, suivi en 1995 par Stanislaw Skrowaczewski.

L'année 2007 vit même la parution de deux enregistrements locaux de l'oeuvre réalisés après des auditions en concert: Yannick Nézet-Séguin et l'Orchestre Métropolitain, Jean-Philippe Tremblay et l'Orchestre de la Francophonie (ex-«canadienne»). On eut même droit en janvier dernier à une exécution de la réduction pour 10 instrumentistes du trio Eisler-Stein-Rankl.

Malgré sa difficulté, la partition a aussi été abordée par nos orchestres d'étudiants. Timothy Vernon la monta à McGill en 1995 et Raffi Armenian, à l'Orchestre-réseau du Conservatoire en 2009. Hier soir, c'était au tour de Rivest d'y engager son OUM.

J'ai bien parlé de difficulté. On en était conscient hier soir. Bien sûr, on ne s'attend pas à trouver dans un orchestre d'étudiants le niveau d'exécution d'un orchestre professionnel. Seulement, voilà le hic, je garde le souvenir de nombreux concerts où l'OUM sonnait, et à tous égards, comme une formation de tout premier plan. Dans certains cas, c'était à s'y méprendre. Hier soir, pas. Mais il n'y a pas lieu de s'alarmer. Ce sont des choses qui arrivent aussi à l'OSM et à l'OM!

Rien à redire sur la connaissance que Rivest possède de la partition -135 pages et 68 minutes entièrement de mémoire. À cet égard, nous avons été comblés cette semaine. Conlon à l'OSM, Talmi à l'OSQ, Hauser à McGill, et maintenant Rivest: tous ont donné une belle leçon à certains de leurs collègues en laissant leur partition chez eux.    

La vénération et l'affection de Rivest pour la musique de Bruckner sont évidentes à chaque instant. Dans sa conception, la même parfaite unité caractérise chacun des mouvements et, en fin de compte, la réunion des quatre. Rivest a le sens de la «grande ligne» brucknérienne et rejoint ainsi les meilleurs interprètes de cette musique.

La réponse de son orchestre fut, comme toujours, immédiate et des mieux intentionnées. Dans l'ensemble, on peut parler d'un beau travail et d'une puissante sonorité collective. On a cependant noté bien des attaques floues chez les quatre petits tubas wagnériens, de légers écarts de justesse chez les cordes dans l'Adagio pourtant très soutenu, toutes sortes de petites fautes un peu partout dans le Scherzo d'ailleurs affecté d'un timide solo de trompette, et une absence de fondu des cordes et des cuivres au finale. La partition conclut l'Adagio sur trois «piano», ce qui n'a pas été fait. Le fameux (et controversé) coup de cymbales y était cependant!    

Le concert débutait par la quelque peu ennuyeuse Symphonie concertante de 33 minutes pour violon et alto de Mozart, avec un OUM forcément très réduit. Deux professeurs de l'UdM en étaient les solistes. La violoniste Laurence Kayaleh fut absolument irréprochable. Je n'hésite pas à lui donner 10 sur 10. Mais je retire un point à l'altiste Jutta Puchhammer-Sédillot.

ORCHESTRE DE L'UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Jean-François Rivest. Solistes: Laurence Kayaleh, violoniste, et Jutta Puchhammer-Sédillot, altiste. Hier soir, salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.

Programme:

Symphonie concertante en mi bémol majeur pour violon, alto et orchestre, K. 364 (1779) - Mozart

Symphonie no 7, en mi majeur (1881-83) - Bruckner (édition Leopold Nowak, 1954)