L'introduction musicale d'un ensemble à cordes, avec un écran géant projetant des images de Plastic Beach sous tous ses angles. Des lettres énormes qui s'illuminent une à une: G-O-R-I-L-L-A-Z. Puis Snoop Dogg qui apparaît sur l'écran pour chanter virtuellement Welcome To The World Of The Plastic Beach. Comme entrée en matière, c'était plutôt spectaculaire.

Gorillaz a donné le coup d'envoi de sa tournée nord-américaine au Centre Bell, hier soir. Ils devaient être une bonne vingtaine sur scène, tous déguisés en capitaine: un ensemble à cordes, quatre choristes, les ex-membres de The Clash Mick Jones (à la guitare) et Paul Simonon (à la basse) et, bien entendu, les cerveaux de Gorillaz: Damon Albarn, ancien chanteur de Blur, et Jamie Hewlett, présent à travers les personnages animés qu'il a créés pour son groupe virtuel.

C'était sans compter les nombreux invités qui ont fait des performances sur scène durant tout le spectacle: Bobby Womack, Little Dragon, De La Soul, Bootie Brown, pour ne nommer que ceux-là.

Albarn et sa bande ont mis la table rapidement en interprétant en début de spectacle deux titres de l'album à succès de Gorillaz Demon Days, paru en 2005, soit Lost Living Souls et O Green World.

Ensuite, le chanteur soul Bobby Womack et le rappeur Bootie Brown ont bondi sur scène pour Stylo, premier extrait de Plastic Beach, dernier album de Gorillaz qui est paru au printemps dernier. En arrière-plan défilaient les images du clip avec Bruce Willis. Encore une fois, il y avait une énergie sonore et visuelle d'une grande puissance.

Cinéma bédéesque

C'est avec brio que Gorillaz met en scène son projet artistique unique, qui mêle une musique rock, électro et hip-hop avec du cinéma bédéesque dont les images évoquent la fin du monde (des bateaux dans la tempête, des terres détruites, des terrains désaffectés, des espaces naturels ravagés par des industries).

Avec toute cette portion multimédia créée par Hewlett - rendu célèbre par la bande dessinée Tank Girl -, Gorillaz offre une orgie visuelle. Et avec tous les musiciens qui accompagnent Damon Albarn sur scène, on en a plein les oreilles comme on en a plein les yeux.

Il y a eu de grands moments hier soir: sur les arrangements urgents de Rhinestone Eyes (pour les fans de Blur, c'était nostalgique de voir Albarn entonner le refrain avec les bras en l'air), ou avec la chorale d'enfants virtuelle pendant Dirty Harry (les gens étaient tous debout à taper des mains dans le Centre Bell).

Surprises et moments forts

Il y a eu des surprises durant tout le spectacle. Les deux rappeurs de De La Soul sont venus chanter Superfast Jellyfish. Il y a eu le magnifique duo Empire Ants qu'Albarn a chanté avec Little Dragon, ou encore l'introduction arabisante d'un orchestre syrien sur White Flag (ils devaient être 30 sur scène à ce moment-là).

Autre moment fort de la soirée: la chanson DARE, interprétée par Rosie Wilson: It's coming up, It's coming up, It's coming up...

Et le rappel, avec les tubes Feel Good inc. et le tout premier succès de Gorillaz, Clint Eastwood. La foule du Centre Bell était en liesse.

Le spectacle de Gorillaz est festif, même si les thèmes de ses chansons et de son monde virtuel font plutôt état d'une vision pessimiste de l'avenir de notre planète. Tant mieux si des bombes musicales peuvent nous faire à la fois danser et réfléchir.

Seul bémol, j'aurais apprécié qu'un écran géant nous permette de voir Albarn chanter. Quoique nous pouvons nous compter somme toute chanceux de le voir sur scène, Gorillaz étant en théorie un groupe virtuel.