Il y a les chanteurs de variété. Et il y a, peu nombreux, les chanteurs de vérité, ceux qui chantent des réalités parfois peu glorieuses ou très terre-à-terre, mais qui nous concernent tous. Jonathan Painchaud est de ceux-là, et c'est ce qu'il a démontré encore une fois mardi soir, lors de la première de son spectacle La dernière des arcades au Club Soda.

Accompagné par ses trois musiciens rock, mais aussi par Marjo le temps d'une très solide reprise en duo d'Illégal, l'ex-Okoumé a interprété la majorité des chansons de son quatrième et tout récent album, La dernière des arcades, devant un écran où des projections très réussies (signées Nico Desmeules) s'inspirent justement des jeux vidéo des années 80. Il a également intégré au programme quatre des chansons les plus fortes de son précédent disque (Qu'on se lève, en 2007) et trois chansons du temps d'Okoumé, illustrées souvent par des extraits de clips (Le kid, Pousse pousse).

Sans cynisme ni apitoiement sur lui-même, sans non plus de nostalgie à outrance, Jonathan Painchaud nous a donc plongés dans son répertoire de chansons réalistes, celles qui parlent d'un gars dans la trentaine lucide, qui a cru, lui aussi, qu'il serait toujours un rebelle, dont les amis décrochent de la réalité ou sont soumis au chantage émotif, un gars qui se tourne vers son enfance quand le quotidien est trop lourd (notamment dans l'excellente Bruce Lee vs Chuck Norris), un gars qui «pousse pousse de la fonte pour oublier la honte», celle qu'on ressent tous quand on réalise qu'on a mis de côté nos beaux principes au profit d'une vie plus confortable. Disons qu'il est antiballade et antisirupeux, Jonathan Painchaud: le vrai «adulte contemporain», dans le fond, c'est lui et ses propos.

Un adulte contemporain également enragé noir quand il est question des forages miniers qui pourraient débuter dans ses Îles-de-la-Madeleine natales sous peu: il reprend d'ailleurs dans cette optique Beds Are Burning du groupe australien Midgnight Oil, suivie de La mer à boire, de son époque Okoumé, où il est justement question des Îles, mais surtout de l'enfant qu'on est toujours et qui rêve que rien ne change. En vain.

Si la qualité des chansons de Jonathan Painchaud ne fait aucun doute et si les nombreuses (et un peu trop longues) anecdotes rigolotes qu'il raconte ont permis d'alléger agréablement l'atmosphère, le spectacle gagnerait à être plus modulé, plus nuancé et varié musicalement (comme c'est d'ailleurs le cas sur son dernier album): jouant quasi toujours à quatre, direct dans le tapis et sur un rythme très soutenu, Jonathan et ses musiciens finissent par saturer un peu l'oreille et empêchent souvent de bien comprendre les textes, qui sont la force de Painchaud. Sa force et sa différence.

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Jonathan Painchaud, au Cabaret du Casino de Québec le 25 octobre, à Waterloo le 2 octobre et en tournée au Québec. Infos: jonathanpainchaud.com