Elle a eu un bébé avec le fils d'un multimillionnaire. Elle a eu des problèmes de visa à cause du gouvernement sri-lankais. Et elle a crié au scandale après avoir été dépeinte par le New York Times comme une fausse artiste engagée qui mène une vie de bourgeoise. Mais M.I.A. a fait oublier toutes ces broutilles aux centaines de spectateurs qui remplissaient le Métropolis à guichets fermés, hier soir.

C'était pour la musique dansante et incendiaire de la rappeuse que le public était réuni devant elle en ce mardi soir gris d'automne.

Sa prestation était courte et le son des mix était brouillon, mais M.I.A. était en forme pour le premier spectacle de sa tournée. Ce n'était pas sa meilleure performance, mais il y avait beaucoup d'énergie sur scène, avec les danseurs, la complice (presque co-rappeuse) de M.I.A. et les trois autres choristes cachées sous ce qui ressemblait à un niqab.

Mathangi «Maya» Arulpragasam est arrivée sur scène vers 22 h alors que sa DJ faisait patienter la foule depuis au moins dix minutes. Portant un vieux trench coat, le visage camouflé par des lunettes de soleil et un foulard blanc tenu par une casquette, M.I.A. a lancé le bal avec Illy Girl, puis avec Bucky Done Gun, un succès tiré de son premier album, Arular.

C'était la sixième fois en cinq ans que M.I.A. se produisait à Montréal, et la quatrième fois au Métropolis, qu'elle avait choisi pour lancer sa nouvelle tournée hier soir. M.I.A. a expliqué à la foule - si nous avions bien compris - que sa tante, qui vit à Montréal, avait eu un accident d'autobus et qu'elle était sortie de l'hôpital hier.

M.I.A. a par la suite demandé à des garçons de monter sur la scène pour danser au son de - c'était de circonstance - Boyz. Sur la scène comme sur le parterre du Métropolis, c'était plutôt jubilatoire.

Tout le spectacle était habité par un lâcher prise contagieux. Il y a toujours un côté improvisé et naturel dans les prestations de M.I.A. Elle se couche sur la foule, retenue par ses gardes du corps. Elle grimpe sur les hauts-parleurs. Elle demande aux techniciens de fermer les lumières pour Bamboo Banga.

Elle a beau être devenue riche, la mère de 33 ans a gardé son esprit libre et son look d'adolescente sexy tomboy, qui semble avoir fouillé dans la garde-robe de ses parents pour se dénicher un costume de scène hipster-rap trop grand pour elle.

Le dernier album de M.I.A., MAYA, très inventif et éclaté dans ses rythmiques et ses sonorités, n'a pas fait l'unanimité à sa sortie au printemps dernier, mais des chansons comme Lovalot, Teqkila et Gone Free se sont très bien insérées dans le set-list hier soir.

Sinon, M.I.A. a pigé dans les succès des deux premiers albums, Arular et Kala, que ce soit Galang, 10 Dollar, Bamboo Ganga et bien entendu Paper Planes, servi en rappel. Les gens dansaient à fond sur le parterre. Valait mieux profiter de l'énergie du spectacle et de la foule plutôt que de trop s'attarder à la mauvaise qualité sonore des mix.

De fois en fois, M.I.A. ne réinvente pas trop la formule de ses spectacles avec les projections derrière elle, mais ce que le public veut, c'est qu'elle balance ses chansons avec son énergie brute et désinvolte. Cela suffit encore pour l'instant...du moins en ce qui nous concerne.

Le spectacle de la rappeuse était trop court hier soir (70 minutes tout au plus), mais il y avait peut-être un petit d'un an et demi qui attendait sa maman en coulisses...

Conclusion? Après trois albums et une union avec un des fils Bronfman, M.I.A. est loin de son enfance d'immigrante sri-lankaise dans un quartier pauvre de Londres. M.I.A. est devenue un personnage plus grand que nature, mais si on laisse de côté la politique et la controverse pour ne parler que de musique, la rappeuse d'origine tamoule apporte toujours un vent de fraîcheur sur la planète pop-électro-rap-rock.