Dehors, les sirènes, les coups de klaxon, les partisans du Canadien en liesse qui se frayaient un chemin sur la Catherine défoncée par les pelles mécaniques. À l'intérieur du Métropolis mercredi soir, une foule gonflée à bloc par la victoire de son club, et le stoner rock puissant et défoulatoire du super-groupe Them Crooked Vultures, ravi d'avoir à ses pieds des super-fans.

Il était prévu que le concert débute à 21 h 30. Or, après la performance du groupe invité en première partie Alberta Cross, on a eu la judicieuse idée d'allumer les téléviseurs pour permettre aux spectateurs d'attraper la dernière période du match ultime de la série Montréal-Pittsburgh.

Disons que pour réchauffer une foule, dont plusieurs membres revêtaient l'uniforme bleu-blanc-rouge, on ne pouvait trouver mieux. Dès que s'est fait entendre la sirène de la victoire, les trois monstres du rock ont pris la scène d'assaut, profitant de l'enthousiasme de la foule pour démarrer en trombe son concert.

Et quel concert! Si une performance scénique peut être comparée à une conversation, un partage d'énergie et de bons sentiments entre les artistes sur scène et leurs interlocuteurs devant eux, les trois fameux rockeurs (et leur guitariste d'appoint) de Them Crooked Vulture ont fait le plein de testostérone pour les deux heures qui allaient suivre. Vraiment, le Métropolis était l'endroit idéal pour aller fêter une aussi belle victoire - d'ailleurs, qui, au juste, doit-on remercier pour avoir déplacé là le spectacle, au lieu du CEPSUM? Merci mille fois.

Rock lourdaud

C'était pesant et groovy, psychédélique et entraînant, toujours juste, même lorsque ça dérapait. Le rock lourdaud du trio s'écoute comme un enchaînement de longs jams, des compositions qui s'étirent bien au-delà de la limite permise par les radios commerciales. Surtout, de la salle, on sentait le plaisir de ces gars-là de jouer ensemble - tiens, ça nous rappelle un certain club de hockey victorieux...

Sur la gauche, la basse au cou, la légende John Paul Jones, de Led Zeppelin s'il fallait le rappeler. Solide comme le rock, appuyé à la batterie par Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters), un partisan des Bruins, m'a confié quelqu'un l'ayant côtoyé. Assurant le rôle de guitariste et de chanteur, ce Josh Homme (Queens of the Stone Age) grand comme Hal Gill prenant toute la place au devant de la scène.

Le groupe n'a qu'un album à son actif, et il en a extrait toute la substantifique moelle, tous ces riffs hargneux, ces nappes de claviers prog (John Paul Jones, laissant la guitare, derrière un piano électrique, prenait aussi le violon quand ça lui chantait), ces références au son des productions de Hommes, au blues qui sous-tend l'oeuvre de Led Zep. Grohl, lui, y allait de son jeu appuyé et primitif pour cadencer la décharge.

L'allégresse, en somme. La soirée parfaite: une chance, peut-être unique, de voir ces trois-là jouer ensemble avec toutes leurs tripes. Ah!, aussi, on vous a dit que le Canadien passait en finale d'association? Ben oui, ils ont gagné.