Le troisième opus studio de la Britannique Anna Calvi en sept ans se veut une oeuvre rock dont les rimes se penchent sur le désir, la conquête, la dialectique étrange entre la fragilité et la force des êtres, la fluidité des genres et de la sexualité (Don't Beat The Girl Out Of My Boy, dit la chanson), le libre arbitre, la maîtrise de la destinée.

Usant d'instruments classiques de la lutherie pop rock à laquelle s'ajoutent parfois des éléments de musique de chambre, cette excellente contralto et «guitar heroine» ne réinvente pas la roue, mais s'applique à la faire tourner sur des voies inédites - non sans rappeler le profil de l'Américaine St.Vincent. 

Les musiques auraient pu être composées au cours des quatre dernières décennies, mais elles s'incarnent à travers des thématiques d'aujourd'hui et une frontwoman d'aujourd'hui.

L'Anglaise de 37 ans s'inscrit ici dans une tradition de chanson rock typique de son pays, entourée du réalisateur Nick Launay, de son groupe et d'invités de marque - Adrian Utley de Portishead aux claviers et Martyn Casey des Bad Seeds à la basse.

Force est d'observer qu'elle s'inscrit du côté Nick Cave de la force; la poésie et le rock ne font qu'un dans ce très beau Hunter, on ne peut évaluer cet album pour ses strictes qualités sonores. Assurément, le personnage et le propos en transcendent le classicisme présumé.

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Rock. Hunter. Anna Calvi. Domino Records.