Le couronnement par le Mercury Prize de l'album Dead des Young Fathers avait divisé la critique britannique à l'automne 2014, notamment pour avoir mis de côté l'album de FKA twigs. L'été suivant, le trio d'Édimbourg avait aisément fédéré le public et les chroniqueurs spécialisés d'Occident, faisant la démonstration éloquente de ses immenses potentialités sur les scènes du monde.

Celles de Montréal n'y firent pas exception - Osheaga, Théâtre Fairmount. On avait alors entre les oreilles la matière de l'opus White Men Are Black Men Too, à l'image de la composition biraciale du groupe.

Inutile d'ajouter que, près de trois ans plus tard, ce troisième album était très attendu. Attentes comblées!

Les airs pop fédérateurs de cet excellent Cocoa Sugar font ici bon ménage avec une pléthore d'arrangements, insertions d'échantillonnages et variations stylistiques à saveur européenne - électro, krautrock, hip-hop, post-punk, jazz primitif, gospel, tribal afro, indie pop, big beat, et plus encore.

Magnifiquement intégrés, ces nombreux fragments stylistiques concourent à propulser les hymnes fiévreux et enjoués de Young Fathers, entonnés au masculin pluriel. Ces nouvelles chansons comportent assez d'étrangeté et de liberté formelle pour sortir cet album du lot tout en en conservant les propriétés pop.

Chocolaté, sucré, certes, de surcroît très épicé. La suite sur scène s'annonce tellurique, ces Young Fathers sont au sommet de leur art.

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AVANT-POP. Cocoa Sugar. Young Fathers. Ninja Tune.