On aurait entendu ça en 2008, on se serait roulé par terre pendant des semaines. En 2018 ? Imbibée de punk, post-punk, dance-punk, math-rock, prog, post-rock ou art-rock, une telle proposition demeure rarissime dans l'espace francophone.

Au-delà de ces considérations, Victime démarre en lion avec ce premier album. Ce groupe de Québec peut prétendre honorer les standards de références telles Deerhoof, Sonic Youth ou Stereolab, ce qui n'est pas peu dire.

Empressons-nous d'ajouter que la touche franco n'est pas négligeable, la spécificité et la pertinence de La femme taupe sont précisément là. Laurence Gauthier-Brown n'est pas exactement une chanteuse, elle choisit plutôt de déclamer et scander éloquemment, sans faute rythmique aucune, comme en témoigne son jeu impeccable à la basse électrique.

Le guitariste Simon Provencher dispose d'un arsenal de riffs assez vaste pour éviter tout confinement stylistique. Pour qui connaît la batterie, il apparaît clair que Samuel Gougoux sait maintenir l'esprit punk rock tout an maîtrisant l'exécution de mesures composées, donc bien au-delà de l'idiome auquel il souscrit apparemment.

Du groupe Ponctuation, Guillaume Chiasson encadre efficacement cette production bien ficelée avec les moyens du bord. Attention à ce power trio auquel collabore bellement le saxophoniste Linsey Wellman, ça ne fait que commencer.

Fort possiblement, la femme taupe sortira du tunnel, tous les espoirs sont permis.

* * * 1/2

ROCK. La femme taupe. Victime. Michel Records.