Contrairement à la quasi-totalité de ses contemporains, Robert Plant a eu d'autres vies artistiques après avoir connu la gloire dans les arénas et reniflé les hautes fréquences de son organe vocal. Led Zeppelin s'était abreuvé aux sources du blues urbain et du rock pour connaître la fureur et le raffinement orchestral que l'on sait.

L'artiste s'est ensuite reconstruit une identité vocale, a connu une trajectoire intéressante en explorant d'autres avenues du rock et des métissages probants avec les traditions orientales ou moyen-orientales, notamment dans l'opus No Quarter, créé avec Jimmy Page en 1994.

Il aurait pu envisager un fondu de sortie, mais non: curieux et inspiré, il s'est lancé sur la piste de l'Amérique profonde, s'est trouvé en amont de son inspiration originelle.

On l'a observé avec Alison Krauss dans l'album Raising Sand, avec Buddy Miller et le superbe Band of Joy, puis avec d'excellents musiciens anglais dans l'opus Lullaby and the Ceaseless Roar - Justin Adams et Liam Tyson, noyau avec lequel il travaille de nouveau sur ce magnifique Carry Fire.

La route des Indes y croise celle du blues, le Mississippi s'y déverse dans le Sahara, ce monde fantasmé trouve néanmoins sa base en Occident.

Chez Robert Plant, cette culture des folklores et traditions populaires est remarquablement intégrée, les ornements électroacoustiques y sont très subtils, voilà un bouillon idéal de transculture. Robert Plant est un grand maître, le maître a encore la flamme. Il faut s'incliner.

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FOLK, BLUES, WORLD. Carry Fire. Robert Plant. Nonesuch/Warner.