Mon Doux Saigneur, projet que pilote Emerik St-Cyr Labbé, révèle un talent brut d'entrée de jeu. On aime le ton et les inflexions du chanteur, on kiffe le son des guitares et du lap steel, on apprécie les effets de distorsion, les percussions, les accroches solides, les arrangements concluants, les grooves inspirés.

Le chanteur et ses collègues (David Marchand, Eliott Durocher, Étienne Dupré, Mandela Coupal) usent de référents creusés dans le sillon nord-américain: folk, blues, rock sudiste, post-grunge... bon sang ne saurait mentir.

Qui plus est, la facture générale de l'oxymore est sale à souhait, assez singulière pour qu'on s'y intéresse et qu'on lui prête un fort potentiel.

On reconnaît à l'auteur de ces rimes un sens de la parole, on relève avec plaisir ses figures de style, ces «J'pensais jamais prier comme ça» qui viennent des tréfonds de son être.

On observe qu'il maîtrise une langue familière, qu'il sait rendre cette langue consonante, qu'il sait en extraire la poésie, qu'il a des choses à dire et... qu'il lui faudra plus que l'écriture automatique pour qu'on se roule par terre.

Beaucoup de travail attend encore Mon Doux Saigneur, et c'est très bien parti.

* * * 1/2

CHANSON ROCK. Mon Doux Saigneur. Mon Doux Saigneur. Grosse Boîte.