Sous l'étiquette Hyperdub, Laurel Halo trace son chemin depuis quelques années: Quarantine (2012) et Chance of Rain (2013) nous avaient permis de conclure à son talent hors du commun, à la création d'un langage distinct de toutes tendances.

Transplantée à Berlin, l'Américaine d'Ann Arbor intègre cette fois des fragments de formes chansonnières sans succomber pour autant à la tentation de basculer dans la chanson enrobée d'électro.

Ses chants sont épars, évanescents, survolent une brousse d'environnements sonores fascinants. Jazz électrique époque Bitches Brew/In A Silent Way, afrofuturisme à la Sun Râ, afro-jazz, improvisation libre (dans un contexte électro), nusoul poussée aux limites de l'abstraction, électroacoustique d'un autre type, voilà autant de références dont l'amalgame exclut ici toute comparaison directe.

Non, nous ne sommes pas exactement sur le territoire de Flying Lotus et autres collègues du label Brainfeeder. L'usage et le filtrage de la voix chantée se démarquent aussi clairement de Julia Holter. L'intégration des références jazzy-funk diffère de Xenia Rubinos ou Nai Palm (Hiatus Kaiyote).

En fait, ces superbes grooves, arrangements somptueux, épisodes exploratoires ou propositions mélodiques sont les éléments constitutifs d'une approche unique. Nous ne sommes nulle part ailleurs que sur la piste de Laurel Halo.

Voilà sans aucun doute un des meilleurs albums électroniques passés sur notre écran radar en 2017.

* * * * 1/2

ÉLECTRO. Dust. Laurel Halo. Hyperdub.