«Il y a une fille qui penche, les deux mains dans les manches... Il y a un soir d'été démodé... il y a une ville autour, il y a la fin du jour...» Quasi microscopiques, les événements évoqués dans ces chansons sont extirpés de l'existence ordinaire. Conversations, réflexions, observations, projections, fragments de récits...

L'auteur en reconstruit poétiquement le contexte, il en fait des choses magnifiques. Vincent Delerm n'est pas le parolier des grands postulats; sa force réside dans l'évocation brillante des petites choses de la vie qui en révèlent les enjeux.

On en visualise aisément les scènes, on en imagine les hommes et les femmes, on ressent ce qu'ils ressentent à travers cette écriture à la fois circonspecte, simple, suave.

Parfois étoffés d'archives audiovisuelles ou de voix hors champ, les mots y sont consonants, enrobés d'harmonies tonales et d'arrangements à la fois organiques (cordes, cuivres, anches, voix, etc.) et synthétiques (claviers, électronique).

Paru en 2016, ce sixième album de l'auteur-compositeur-interprète a été réalisé par des collaborateurs de sa pointure, soit Clément Ducol et Maxime Le Guil, que l'on dit proche de Nigel Godrich.

À n'en point douter, le sillon de la chanson française peut continuer d'être creusé avec des artistes pérennes, tel Vincent Delerm, qui en transcendent le classicisme présumé.

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CHANSON. À présent. Vincent Delerm. Tôt ou tard.