Damon Albarn, Jamie Hewlett et leurs personnages virtuels (2D, Murdoc, Russel, Noodle) ont finalement accouché de leur cinquième chapitre: sous la bannière Gorillaz, Humanz réunit une pléthore d'invités de marque, issus de tous horizons et de toutes générations.

Voilà certes un des albums anglo-américains les plus attendus de la saison, sans compter ses composantes visuelles, indissociables de leur partie audio sur laquelle nous nous penchons d'abord.

Vingt titres se trouvent sur l'étal officiel, six pistes supplémentaires se lovent dans l'édition «deluxe». La part hip-hop/R & B/house de Humanz est la plus congrue: elle y accueille Vince Staples, De La Soul, Kelela, Danny Brown, D.R.A.M., Pusha T, Mavis Staples, Anthony Hamilton, Zebra Katz, Jamie Principle, Peven Everett, Brandon Markell Holmes, Ray BLK. Le volet jamaïcain du projet met en relief Popcaan et nulle autre que Grace Jones. Le contingent d'Angleterre s'avère ténu: Noel Gallagher (!), Benjamin Clementine et Jehnny Beth (Camille Berthomier de Savages), Rag'n'Bone Man. Et l'on n'a pas encore mentionné Jean-Michel Jarre et ses sombres claviers, Kali Uchis, Kilo Kish ou même Carly Simon, sortie des boules à mites.

Le départ de ce long périple est canon: Vince Staples nous catapulte très haut avec cette Ascension et... il faut ensuite s'astreindre à voler un peu plus bas et reprendre sporadiquement de l'altitude, manière de vous dire que tout ça est très bon, très cool, très bien conçu... sans être fantastique.

Vu sa nature collaborative, la multiplicité des sources et l'étendue du corpus, vient parfois en tête l'expression «qui trop embrasse mal étreint». Tout ce monde à embrasser, toutes ces pointures à chausser, toutes ces signatures à fédérer, tous ces pieds sur lesquels danser, voilà un projet éminemment complexe.

Le plan d'attaque de Gorillaz se voulait thématique au départ, il s'agissait d'inaugurer l'ère Trump en abordant cette charmante période de l'histoire sous un angle poétique teinté (évidemment) de progressisme et d'humanisme.

Les créateurs mis à contribution par Damon Albarn ont été invités à évoquer directement ou indirectement le triomphalisme néolibéral états-unien, la dérive des abuseurs de pouvoir et autres crispations mondiales de l'heure (tant qu'à y être). Mais aussi à formuler des répliques en guise d'espoir, dont le slogan «on a le pouvoir de s'aimer», scandé en conclusion par Jehnny Beth dans We Got the Power. Cri sincère des derniers... Humanz? Manifestement, le portrait de la situation est difficile à dresser.

Hip-hop, R & B, Électro, Pop

Humanz

Gorillaz

Parlophone/Warner Bros.

IMAGE FOURNIE PAR Parlophone

Humanz, de Gorillaz