Cet album magnifique, intense, poignant, Leonard Cohen l'a fait dans l'inconfort et la douleur. Comme le suggère son titre qui suinte l'ironie, You Want It Darker est un disque sur le doute, les illusions perdues et les vérités auxquelles on ne croit plus, un disque dans lequel le poète boude l'autodérision qu'on lui a toujours connue pour toucher à l'essentiel.

C'est surtout un album d'une rare beauté dans lequel les musiques, à la fois riches et dépouillées, se mettent vraiment au service de la voix à nulle autre pareille de Leonard Cohen qui n'a jamais paru si proche.

Ici, pas de claviers cheapo ni de rythmes en «canne», que de la musique organique. Merci, Adam Cohen.

Les fans goûteront la saveur méditerranéenne de la bien nommée Traveling Light ou encore celle, très spiritual, d'On the Level, composée par Sharon Robinson. Ils seront bouleversés par Leaving the Table, It Seemed the Better Way, où le choeur de la synagogue Shaar Hashomayim reprend du service, Steer Your Way et If I Didn't Have Your Love sur le thème de l'amour rédempteur.

Je les mets au défi de ne pas verser une larme en écoutant la reprise par un quatuor à cordes de Treaty, un grand cru de Cohen, toutes époques confondues.

Voilà un disque majeur qu'on ne se lassera jamais d'écouter.

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CHANSON. You Want It Darker. Leonard Cohen. Sony.