Mitan commence comme un western: d'abord le chant d'un harmonica solitaire et, là-bas sur la ligne d'horizon, une guitare, solitaire elle aussi, qui regarde le vent soulever la poussière.

Il y a un chouïa de Morricone là-dedans. Or, sur la durée, Tire le coyote (Benoît Pinette) fait surtout penser à Neil Young - sa voix vole en effet dans les mêmes hauteurs. Le «mitan» du titre, c'est cette route qui traverse l'île d'Orléans, évoquée dans la chanson Calfeutrer les failles. On en déduit aussi que c'est un instant suspendu, un point d'ancrage momentané d'où ce chanteur solitaire contemple l'amour au présent sans pouvoir se défaire de l'angoisse de la mort qui attend son heure au bout du chemin.

L'ambivalence est nette et souvent dite avec l'élégance brute des mots taillés à la scie mécanique, comme il le chante dans Chainsaw, mais peut aussi - et c'est moins heureux - s'égarer dans des banalités, malgré une idée porteuse (L'âge d'or vaut rien). Une fois qu'on s'est habitué à sa voix, Tire le coyote se révèle un magnifique pleureur qui sait comment faire battre un coeur au fond d'une guitare et l'emmitoufler d'arrangements habiles, typiquement country-folk.

À écouter: Chainsaw

COUNTRY-FOLK

Tire le coyote

Mitan

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La Tribu/Sélect