De quelle vengeance est-il question au juste? Paradoxalement, de ce qui peut y mener. Démons, sources d'irritation, accrocs, mauvaises passes, regrets, pertes. On se venge du fiel qu'on a déversé, des vibrations vénéneuses qu'on a nourries.

«La vengeance est un plat au goût de presque rien....», note sagement l'auteur dans la chanson-titre de Vengeance, l'album plus attendu de la pop française cet automne.

On y recense pas moins de 14 titres, dont plusieurs incluent des participations notoires - Vanessa Paradis, Gesa Hansen, Oxmo Puccino, Orelsan, Sol Sanchez, Julia Stone, Carl Barât.

Toute la palette de Benjamin Biolay y est investie: le musicien doué, l'auteur élégant, l'arrangeur multi-référentiel, l'interprète sensuel. Il y campe l'amoureux sincère, le mec largué par l'être aimé, celui qui s'adresse à l'amant de sa femme, le félin qui rentre les griffes en ronronnant, le serpent qui ravale son venin, la bête en quête de sérénité.

Au programme, pop classique Bacharach-Barry-Morricone, chanson française-française, space rock, soul blanche, coldwave, pop-folk, hip-hop, bref la pizza royale d'un requin capable de tout dévorer en studio. Et de faire une réelle offrande de sons richement captés, agencés, mixés, balancés dans l'espace. Offrande généreuse quoiqu'inégale.

Chanson à écouter: Belle époque (Night Shop #2)

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* * * 1/2

POP FRANÇAISE. Benjamin Biolay. Vengeance. Naïve.