Au bout de la dizaine d'envoûtantes chansons de ce Smother, troisième album du groupe britannique Wild Beasts, on en vient à oublier combien le trémolo appuyé de la voix de Hayden Thorpe peut tomber sur les nerfs.

Surtout qu'avec la tangente plus minimaliste et électronique que le quatuor a prise ici en comparaison avec l'art-rock du précédent Two Dancers (nominé en 2009 pour le Mercury Prize), Wild Beasts cultive les comparaisons avec un Anthony & The Johnsons, dont la voix est sans doute plus magnétique.

Or, Thorpe semble isolé dans les atmosphères pop-new-wave tissées par ses collègues... et c'est en quelque sorte la force de cet album, magnifiquement écrit, arrangé avec langueur. Chants de désolation, refrains qui suintent une détresse laissant derrière elle des traces de piano et de batterie. Si les premières compositions nous acclimatent peu à peu à ce nouveau Wild Beasts, ce sont les Deeper et, plus loin, Invisible, qui nous font craquer pour la plume et le son du quatuor. Le trio qui clôt l'album, Reach a Bit Further, Burning et surtout l'hypnotisante End Come Too Soon - un titre qui tombe à point - suffit à nous convaincre de la valeur de ce groupe à part, qui a des affinités avec Junior Boys, Beach House, Hot Chip et autres fabricants de dream pop affinée et spleenesque.

POP

WILD BEASTS

Smother

*** 1/2

Domino Records