Tous les clarinettistes connaissent le nom de Dieter Klöcker. L'un des plus éminents représentants de leur instrument, l'Allemand Klöcker, qui vient d'avoir 75 ans, fut d'abord clarinette-solo de divers orchestres. Il a fait beaucoup de récital et de musique de chambre à travers le monde, il a beaucoup enregistré, signé des articles de musicologie, découvert nombre d'oeuvres pour clarinette tombées dans l'oubli et reçu plusieurs prix pour ses diverses activités.

Peu de gens cependant, y compris les clarinettistes, pourraient dire qui est Andreas Goepfert. Clarinettiste allemand lui aussi, né en 1768 et mort en 1818, il fut donc un contemporain de Mozart et de Beethoven. Il a beaucoup écrit pour son instrument et Klöcker joue précisément trois concertos de lui, avec la Philharmonie de Jena (ou Iéna en français) dirigée par Johannes Moesus, sur un disque de la marque CPO spécialisée dans les raretés.

Le Larousse de la musique de 1957, l'un des très rares ouvrages de référence où figure le nom de Goepfert, attribue à celui-ci quatre concertos pour clarinette. Dans les notes accompagnant son disque, Klöcker, que l'on sait pourtant très savant, n'apporte aucune précision à cet égard.

Les trois concertos groupés ici, dont chacun est en trois mouvements selon l'habituelle forme vif-lent-vif, portent les numéros d'opus 35, en mi bémol majeur, 20, en si bémol majeur, et 14, de nouveau en mi bémol majeur, et totalisent 62 minutes. Curieusement, ils sont placés en ordre inverse.

Bien que nous ayons affaire à un «maître mineur» (le terme est de Klöcker lui-même), ces trois concertos révèlent en Andreas Goepfert un musicien de valeur. Il ne fait aucun doute qu'il composa ces concertos pour son propre usage et qu'il possédait une grande technique. Certaines tournures orchestrales rappellent, forcément, Mozart et Beethoven, et le célèbre Concerto pour clarinette K. 622 a manifestement inspiré ce qu'on entend ici.

Ces trois concertos n'en restent pas moins fort intéressants. Ils exploitent à fond les possibilités virtuoses et expressives de l'instrument -à cet égard, le jeu de Klöcker a autant de finesse que de brio- et font souvent intervenir l'orchestre d'une façon originale, par exemple, au premier mouvement de l'op. 14, sa rentrée après la cadence de la clarinette.

COTE : ****

GOEPFERT. DIETER KLÖCKER, CLARINETTISTE

CPO, 777 407-2