Missionnaire de la musique ambiant et noize, le Montréalais Tim Hecker éveille les esprits musicaux à ces domaines pointus par ses albums grandioses et harmonieux.

Mais après les pulsations presque entraînantes de An Imaginary Country (2009), Hecker explore des sentiments plus torturés sur Ravedeath, 1972, un disque qui comporte un plus nombre d'ingrédients acoustiques. Dès l'ouverture (The Piano Drop), on sent son travail plus abrupt; la musique de Hecker place l'auditeur dans une position de déséquilibre, entre les bouffées de sons granuleux  - on reconnaît le timbre de l'orgue, même trafiqué, filtré, barbouillé par les manipulations - qui nous soulèvent et nous échappent ensuite dans des sons ambiants statiques.

Articulé autour de trois principaux mouvements (In the Fog I à III, Hatred of Music I et II, In the Air I à III), l'ensemble offre toujours des harmonies enveloppantes, mais la proposition est plus mince que sur les superbes An Imaginary Country et Harmony in Ultraviolet (2006), comme si la méthode d'enregistrement, le mariage des sources acoustiques et du traitement électronique, avait distrait Hecker en cours de route. À moins que ce soit là un autre signe de la détresse qui a inspiré l'album?

ÉLECTRO

TIM HECKER

Ravedeath, 1972

***

Kranky