C'est vrai de tous les albums et spectacles du quintette québécois Les Charbonniers de l'enfer: dès les premières notes - les premières voix, plutôt, puisque les cinq hommes chantent sans instrument, a cappella, aidés seulement de leurs pieds -, c'est comme si l'horizon s'ouvrait, comme si les poumons s'élargissaient, même si on est assis devant son écran, dans un bureau et en ville.

Mais ce qui ouvre encore plus la gorge sur ces Nouvelles fréquentations, c'est le répertoire choisi. Car après avoir magnifié à leur manière des chansons traditionnelles depuis 1996, les Charbonniers chantent désormais du Dédé Fortin, du Plume, du Neil Young (adapté en français), des soeurs McGarrigle, du Noir Désir, du Daniel Lanois et du Daniel Lavoie, etc. Comment vous dire?

On appellerait ça des reprises si ce n'était pas les Charbonniers qui chantaient. Mais ce sont les Charbonniers qui chantent et qui «dronent», les Charbonniers qui tapent des pieds et turlutent comme jamais, et toutes ces chansons contemporaines deviennent soudain des morceaux intemporels, parfois complaintes d'aujourd'hui, parfois quadrilles du XXIe siècle ou gigues émouvantes, toutes liées par le thème de la beauté et de la cruauté du monde... Les Charbonniers avaient fait office, jusqu'ici, de «passeurs» de la musique du passé vers le présent. Cette fois, ils ennoblissent des chansons d'aujourd'hui pour les propulser vers l'avenir. Wow... (En magasin lundi.)

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