L'album Séguin et le grand choeur, enregistré en public l'an dernier, évite à peu près tous les pièges liés à pareil exercice. L'appui de centaines de choristes ne dénature en rien les chansons de Richard Séguin qui, en plus de leurs indéniables qualités mélodiques, ont ce petit quelque chose des hymnes (Aux portes du matin,

Et tu marches, Journée d'Amérique) qui se prête bien au chant collectif. Il faut saluer l'intelligence des arrangements vocaux qui ne noient jamais la voix de Séguin ni les couleurs folk-rock essentielles à ses chansons (Dans nos silences, remarquable), mais viennent les appuyer, à l'unisson, en parallèle ou en écho. Jamais ce mariage n'est aussi réussi que sur L'ange vagabond, où les voix qui déferlent rendent presque la qualité d'émotion que provoque chez le spectateur la présence physique d'une chorale. Parmi les autres réussites, mentionnons l'inédite In Deo qui, chantée a cappella par la chorale, tient presque de l'expérience religieuse, ainsi que Le son des songes, où l'ajout des choeurs n'enlève rien à l'intimité de la chanson. Par contre, les versions chorales de Chanson pour durer toujours et de Qu'est-ce qu'on leur laisse? ne remplaceront jamais celles d'origine, plus dépouillées, que je chéris.

Extrait: Et tu marches

CHANSON

Séguin et le grand choeur

Richard Séguin

***1/2

Chanson internationale