Non, ce n'est pas par compassion que j'apprécie autant le nouvel album de Jamil. Non, ce n'est pas parce qu'il a été frappé par un AVC il y a un an quasi jour pour jour (au moment de lancer son album Je dure... très dur) ni parce que, en conséquence, il ne peut plus jouer de guitare.

Si ce disque vaut franchement la peine, c'est parce que la plume fine de Jamil, ses dons de mélodiste et surtout ses qualités d'interprète sont tous au rendez-vous - de même que de petits bouts de son âme, qu'on entend partout sur les 11 morceaux.

Pour réaliser avec zéro sou cet album de chansons lentes qui n'ont rien de sirupeux, il a fait appel à des amis musiciens, venus littéralement lui prêter main forte, ou a utilisé des bandes qu'il avait lui-même enregistrées avant l'AVC.

Privé de sa guitare, il a dû et pu se concentrer sur son travail vocal. Du coup, l'album sonne chaud, les atmosphères évoluent (de la guitare wawa au chant des criquets!), la voix habite l'espace.

Et l'indéniable mélancolie qui imprègne tout l'album démontre que rien n'est jamais perdu. En tout cas, pas le talent.

À écouter: Lili pot d'colle

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* * * 1/2

CHANSON. Jamil. À bas les roses. Disques Leïla/Select.