Fred Fortin plante-t-il un nouveau décor, cinq ans après avoir sorti... Planter le décor? Plastrer la lune marque une affirmation encore plus convaincante de la langue familière à laquelle il nous a habitués. Langue régionale, truffée d'expressions et d'inflexions locales.

Le local peut-il devenir international? On peut en douter, mais on doit aussi réaliser que l'auteur a franchi un pas important.

Contrairement aux rimes intimistes de l'album précédent, la fiction prime chez le Fortin de Saint-Prime: Bobby le bandit fils de pute, la gomme framboise et pommes «qui se promène entre tes beaux dentiers», l'ex-compagne de classe retracée au Dollarama, le vieux garçon devenu homme de ménage au cinéma porno, les grandes jambes de la fille chromée, Madame Rose qui liquide son bourreau après des lunes de persécution, la cabane du frangin Mumu, la lune à plastrer...

Musicalement, le compositeur et réalisateur se maintient nettement au-dessus de la moyenne nationale sans modifier profondément ce à quoi il nous a habitués: country, folk, bluegrass, rock de garage, rock progressif, heureux mélange de crudité et de subtilité, de tendresse et d'agressivité, de saleté et de méticulosité.

 

À écouter: Madame Rose

CHANSON

Fred Fortin

Plastrer la lune

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C4