L'électrification généralisée des instruments de musique a marqué le jazz à la fin des années 60. Les technologies numériques y ont produit leurs premières mutations à la fin des années 90. Yannick Rieu, lui, ne s'est pas laissé prendre au piège du jazz-fusion, dont la majorité des concoctions se sont enlisées dans une virtuosité de plus en plus formatée.

Le saxophoniste québécois ne s'est pas non plus collé sur le groove électro-jazz... qui manifeste déjà des signes d'essoufflement.

Dans son art récent, l'intégration de l'électricité et de l'électronique participe plutôt d'une recherche fondamentale qui lui est propre, et dont les structures ouvertes rappellent un tant soit peu le grand virage de Miles Davis à l'époque Bitches Brew/In A Silent Way.

Ceci dit, il ne faut pas s'en tenir à cette évocation facile; les propositions rythmiques et harmoniques de ce travail collectif piloté par Rieu (au studio Victor ainsi qu'au Dièse Onze) s'avèrent résolument actuelles, en plus de puiser dans de multiples réservoirs patrimoniaux, tant africains qu'européens, tant sérieux que populaires. Ce projet, somme toute, en est non seulement un de tête, mais aussi un de tripes: à n'en point douter, ces concepts sont au service de l'émotion. 

À écouter: Song H

JAZZ

Yannick Rieu

Spectrum

Justin Time

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