Le chef d’orchestre montréalais Yannick Nézet-Séguin a remporté deux trophées sur une possibilité de cinq lors de la première cérémonie des Grammy, dimanche après-midi. Deux prix qui s’ajoutent au premier qu’il avait remporté l’an dernier, et qui l’encouragent dans sa vision ouverte et inclusive de la musique.

« L’an dernier, j’étais tellement ému d’être récompensé comme chef d’orchestre. Là, c’est comme chef d’opéra et comme pianiste, on dirait que ça complète ma vie ! »

Yannick Nézet-Séguin a répondu à nos questions par message audio dimanche soir, alors qu’il s’apprêtait à quitter Philadelphie en avion. Il venait de diriger en après-midi un programme très exigeant de trois pièces de Rachmaninov – dont le Concerto n3 – avec le Philadelphia Orchestra, ce qui fait qu’il n’a pas pu aller cueillir ses prix à Los Angeles lors de la Premiere Ceremony.

Le chef a d’abord été récompensé avec le Metropolitan Opera Orchestra pour le meilleur enregistrement d’un opéra, avec Fire Shut Up In My Bones de Terence Blanchard. Il a ensuite remporté, à titre de pianiste, le Grammy du meilleur album vocal solo classique pour Voice of Nature – The Anthropocene, une collaboration avec la soprano américaine Renée Fleming.

Comme j’étais nommé cinq fois, oui, j’étais très fébrile. Mais j’étais aussi content, parce que ça continue à encourager mes entreprises, mes buts, ma passion, ma mission de développer la musique comme un instrument pour faire des ponts entre les différentes cultures, et avoir une portée sociale.

Yannick Nézet-Séguin

Pour lui, ces Grammy sont donc « de grands encouragements » à poursuivre cette vision. « C’est une vision que j’ai à l’Orchestre métropolitain, c’est très important de le souligner. Une vision de programmation que j’apporte à Philadelphie et à New York, et qui est reconnue mondialement. »

Le chef espère donc que les gens continueront à le suivre à Montréal et au Québec… « Et, qui sait, peut-être un jour gagner un Grammy avec l’Orchestre métropolitain ! »

Recevoir un prix comme pianiste l’a évidemment particulièrement touché, puisque le chef s’est remis à son instrument depuis quelques années à peine.

« Mais ce qui me touche vraiment profondément, c’est le fait d’être récompensé pour Blanchard, pour le disque avec Renée Fleming qui porte sur les changements climatiques. C’est très important, ça indique une nouvelle ère pour le classique, que je suis très fier de représenter ainsi. »

Yannick Nézet-Séguin a remporté son premier Grammy l’an dernier pour le projet Price – Symphonies nos 1 et 3, qui avait été sacré meilleure performance orchestrale de l’année.

PHOTO JAE C. HONG, ASSOCIATED PRESS

Stephanie Economou

Les autres Québécois

De leur côté, les autres artistes québécois en lice – Allison Russell qui était citée deux fois, Kaytranada, Arcade Fire et Xavier Dolan pour son travail sur le clip d’Adele Easy On Me – n’ont reçu aucun prix.

Par ailleurs, alors que la musique de jeu vidéo était récompensée pour la première fois de l’histoire des Grammy, c’est la trame sonore d’un jeu développé à Montréal par Ubisoft qui en a récolté le premier trophée. C’est en effet la musique d’Assassin’s Creed Valhalla : Dawn of Ragnarok, de la compositrice Stephanie Economou, qui a reçu les grands honneurs.

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