Des dizaines de milliers de fans de Johnny Hallyday se sont rués vendredi chez les disquaires français pour se procurer l'album posthume de leur idole, Mon pays c'est l'amour, mis en vente à 800 000 exemplaires et qui bat déjà quelques premiers records.

«D'ores et déjà, l'album est disque de platine», s'est félicité le patron de la maison de disques Warner, Thierry Chassagne, en matinée sur la radio RTL. Cette certification, qui correspond à 100 000 ventes, était certaine d'être atteinte avant même la mise en vente, rien qu'avec les précommandes.  

À la mi-journée, 50 000 disques avaient été écoulés dans les magasins Fnac, selon un chiffre communiqué à l'AFP par l'enseigne. Après 25 000 exemplaires précommandés en un mois depuis le lancement du 15 septembre, 25 000 autres ont été vendus en quelques heures sur l'ensemble du réseau.  

Ce qui constitue pour la Fnac à la fois un record pour les ventes sur l'internet et un record de ventes physiques (CD et vinyles) pour une journée inaugurale.

Au terme d'une opération marketing bien rodée, l'album est sorti à 0 h 01 vendredi dans certains magasins en plus d'être en ligne sur les plateformes de streaming.

Au coeur de la nuit, ils étaient environ 200 fans pressés de l'acheter, pour certains en plusieurs exemplaires et dans les trois éditions disponibles (cd simple, cd collector à tirage limité avec livret, et vinyle) dans la Fnac des Champs-Élysées à Paris.

Blues et rockabilly

Pour certains d'entre eux, en larmes, le moment était d'autant plus fort que la dernière fois qu'ils avaient eu rendez-vous avec Johnny c'était le 9 décembre 2017, jour du vibrant hommage populaire que lui avaient rendu des centaines de milliers d'admirateurs.

«J'aimais Johnny. Par respect, je voulais être là. J'étais sur les Champs en décembre, c'était important de revenir là. À l'époque, j'avais passé la nuit dehors devant (l'église de) La Madeleine. C'est la première fois ma vie que je faisais ça», a témoigné Édith, 50 ans.

D'autres enseignes, qui habituellement ne vendent pas de produits culturels, comme Simply Market ou Atac, proposent aussi cet album dans leurs étals.

Dans ce disque, le plus attendu de l'année, se côtoient le rock, le blues et le rockabilly dans des morceaux que le chanteur voulait taillés pour les stades.

«Ce qui est magnifique c'est sa voix. Il n'a jamais chanté comme ça. C'est bien la preuve que les artistes ne meurent pas. Exister autant après sa mort comme le fait Johnny, c'est considérable», a déclaré Patrick Bruel à l'AFP.  

La commercialisation de cet album a été rendue incertaine pendant deux mois par une action en justice des aînés Laura Smet et David Hallyday. Ils réclamaient un droit de regard-finalement refusé par le tribunal de grande instance de Nanterre.

Selon M. Chassagne, les deux aînés de Johnny n'ont «pas fait la demande» à Warner d'écouter le disque avant sa sortie.  

Message de Laeticia

Pour éviter les fuites, la maison de disques avait pris des mesures de confidentialité contraignantes durant la phase de fabrication.

Tous les exemplaires ont ainsi été fabriqués dans une seule usine, en Italie, ce qui est très inhabituel pour un tel nombre d'exemplaires, a assuré M. Chassagne à RTL.

«Les palettes de disques étaient entreposées en hauteur pour ne pas que ça puisse être ouvert pas des employés malveillants»,  a-t-il dit, en précisant que le nom de code de l'album pendant sa phase de fabrication était «JPS Elektra» (pour Jean-Philippe Smet, le véritable nom de l'artiste, et celui d'un label historique, aujourd'hui propriété de Warner).

Preuve de l'enjeu colossal autour de l'album, Laeticia Hallyday, si discrète depuis qu'elle est engagée dans une bataille judiciaire autour du testament américain de Johnny qui déshérite à son profit Laura Smet et David Hallyday, assurera elle-même la promotion au journal télévisé de 20 h sur TF1 et sur RTL samedi matin.

Et elle n'a pas attendu pour envoyer un premier message en forme de dédicace amoureuse sur ses comptes Instagram et Twitter: «À toi, À nos amours, À tes amours, À la fureur de vivre, À la liberté de penser, À ta musique, Je t'aime pour toujours».

Un message accompagné d'images du clip de J'en parlerai au diable, filmées lors d'un «road trip» en moto de la star en 2016 aux États-Unis.