Jeremy Dutcher a remporté le prix Polaris remis lundi soir à Toronto. Son album Wolastoqiyik Lintuwakonawa a été couronné album canadien de l'année par un jury de 11 journalistes, critiques et blogueurs.

L'oeuvre est l'aboutissement de cinq années de travail consistant à fouiller des enregistrements archivés de ses ancêtres datant de près d'un siècle.

Le chanteur d'opéra, qui a été élevé en partie au sein de la Première nation Tobique, au Nouveau-Brunswick, chante uniquement en langue Wolastoq sur son album, dans l'espoir de préserver ses racines.

Jeremy Dutcher a accepté son prix en disant qu'il espérait que cela marquerait une étape dans le «continuum de l'excellence autochtone».

Le prix Polaris est considéré comme l'un des prix de musique les plus prestigieux au pays. Arcade Fire, Buffy Sainte-Marie, Kaytranada et Lido Pimienta font partie des gagnants des années précédentes.

Le gagnant reçoit une bourse de 50 000 $, et sa victoire peut sans doute contribuer à faire connaître davantage son album à travers le pays.

Trois artistes québécois figuraient parmi les 10 finalistes dévoilés plus tôt cet été, soit Jean-Michel Blais pour son album Dans ma main, Hubert Lenoir pour Darlène et Pierre Kwenders pour son album MAKANDA at the End of Space, the Beginning of Time.

Outre les trois Québécois, la compétition de cette année incluait le premier album complet du chanteur R&B torontois Daniel Caesar, de même que le plus récent du groupe Alvvays.

Weaves était finaliste pour la deuxième année consécutive. La Torontoise Meghan Remy, qui se produit sous le nom U.S. Girls, était aussi sur la liste pour la deuxième fois.

Les formations Partner, du Nouveau-Brunswick, et Snotty Nose Rez Kids, de Vancouver complétaient la liste.

Le Québec à l'honneur

La jeune sensation de l'heure Hubert Lenoir s'est taillé une place parmi les finalistes grâce à son album Darlène, dévoilé en février. L'album concept est devenu le premier album majoritairement francophone à être nommé sur la courte liste du Polaris depuis la nomination de Tigre et diesel de Galaxie en 2011.

Le seul Polaris remporté par une oeuvre francophone est celui décerné en 2010 à l'album Les chemins de verre de Karkwa.

Dans un tout autre genre, le pianiste Jean-Michel Blais a de son côté été remarqué pour son oeuvre Dans ma main, son deuxième album paru en mai. Son premier opus Il  avait été sélectionné sur la liste des 10 meilleurs albums de 2016 du magazine Time.

L'auteur-compositeur-interprète montréalais d'origine congolaise Pierre Kwenders a quant à lui été sélectionné grâce à MAKANDA at the End of Space, the Beginning of Time, un album inspiré par la new wave world music, la rumba trap et l'indie afro sur lequel il chante en quatre langues (lingala, français, anglais, shona). En 2015, son album Le dernier empereur bantou avait été sélectionné sur la longue liste du Polaris.

En entrevue téléphonique à l'annonce de sa sélection comme finaliste, Pierre Kwenders avait dit à La Presse canadienne qu'il voyait dans cette nouvelle sélection pour le prix Polaris une «porte qui s'ouvre» pour élargir son public.

«Quand je me suis mis dans ce métier, c'était pour pouvoir partager ma musique avec le plus de gens possible, et si être sur cette courte liste peut permettre aux gens de partout dans le Canada, et même de partout dans le monde, de pouvoir découvrir ma musique un peu plus facilement, pour moi, ce serait le plus bel accomplissement. C'est la reconnaissance de l'industrie, mais aussi cette porte qui s'ouvre. Il y a beaucoup de gens qui se font découvrir grâce à cette liste, et j'espère que cela ira dans ce sens-là.»