Chaque semaine, un musicien parle des chansons qui ont bercé sa vie. Aujourd'hui: Marc Hervieux.

En marge du lancement de son nouvel album de reprises, Nos chansons, le ténor Marc Hervieux entame une tournée du Québec. Il joue, selon les salles, avec un orchestre ou seul avec son ami pianiste Claude Webster. Marc Hervieux participe à l'émission de Gregory Charles, Virtuose, qui pourrait connaître une troisième saison à ICI Radio-Canada Télé. Côté radio, on peut l'entendre sur les ondes d'ICI Musique et de Muse, chaîne numérique de Radio-Canada consacrée à la musique classique.

Une chanson qui a bercé votre enfance?

You Needed Me d'Anne Murray

«Je viens d'une famille ouvrière de quatre enfants dans le quartier Hochelaga. À la maison, il n'y avait pas un disque de musique classique. Mes parents écoutaient surtout du country, québécois ou américain. Ils étaient branchés presque 24 heures sur 24 au poste de radio AM CKVL 850. J'ai grandi au son de Kenny Rogers. Parmi les chansons que mes parents adoraient, je me souviens des tubes d'Anne Murray, surtout You Needed Me

La chanson qui vous a donné envie de faire ce métier?

Et maintenant de Gilbert Bécaud

«Je me vois encore à 14 ou 15 ans. Je suis assis dans les premières rangées du Théâtre St-Denis. Un de mes profs de musique, Mario, était fou de chanson française. Et il m'avait invité, avec des amis, à voir Bécaud en concert. Le rideau s'ouvre et il entre en scène. Il se dirige au bout du proscenium, tellement sur le bord que ses orteils sont dans le vide. Et là, la musique part et le premier couplet... Et j'ai décidé que c'est ça que je voulais faire dans la vie.»

La chanson de votre répertoire dont vous êtes le plus fier?

Tenor Arias

«Je dirais davantage un album sorti en 2010, Tenor Arias, dans lequel je chante des extraits de grands airs d'opéra italiens: Tosca, La traviata, La bohème... Je suis accompagné de l'Orchestre Métropolitain et dirigé par Yannick Nézet-Séguin. Imaginez, le tit-cul de Hochelaga-Maisonneuve qui faisait rire de lui lorsqu'il disait qu'il voulait faire de l'opéra plus tard. Avec ce disque, j'ai concrétisé un rêve. Je connais Yannick depuis le Conservatoire: c'est non seulement un grand chef, mais c'est aussi un être humain exceptionnel.»

Une chanson qui vous fait du bien à tout coup?

Le parc Belmont

«Cette chanson de Luc Plamondon est thérapeutique! Dans ma vie personnelle ou professionnelle, chaque fois que j'ai un revers, une mauvaise critique ou une déprime, je remets le compteur à zéro et j'écoute la version live, dans laquelle Diane Dufresne chante avec l'Orchestre symphonique de Québec. Je mets le volume à tue-tête dans ma voiture. Quand j'ai fini de l'écouter, je me sens mieux. C'est vraiment thérapeutique!»

Une chanson que vous auriez aimé avoir écrite?

Ordinaire (Mouffe, Pierre Nadeau et Robert Charlebois)

«Je me reconnais dans ce beau texte. Je suis un petit gars d'Hochelaga qui est tombé jeune dans le monde du classique et de l'opéra. Ce milieu a bien évolué depuis 25 ans ; il s'est démocratisé. À l'origine, en Italie, l'opéra était la musique du peuple. On chantait dans des tavernes. Moi, j'ai envie de chanter sur les plus grandes scènes du monde. Mais à la base, je suis juste un gars ordinaire qui aime autant le caviar que les hot-dogs.»

Une chanson que vous aimez particulièrement interpréter sur scène?

La quête

«Il y en a plusieurs autres... Mais je fais La quête de Jacques Brel à la fin de mon spectacle, piano et voix. Je la chante après avoir raconté une histoire sur mon père décédé. Cet ouvrier d'usine d'Hochelaga m'a toujours fait confiance. Plus jeune, il m'a appuyé dans mes choix artistiques. Hélas, il est mort trop tôt et je n'ai jamais pu lui dire merci. Merci pour son amour, son encouragement. Je chante La quête en pensant à l'amour de mon père.»