Chaque semaine, un musicien parle des chansons qui ont bercé sa vie. Cette semaine: Philippe Brach.

Après le lancement de son troisième album, Le silence des troupeaux, Philippe Brach a amorcé, fin février, une grande tournée de spectacles. L'auteur-compositeur-interprète, accompagné d'invités et d'une demi-douzaine de musiciens sur scène, sera au MTelus, à Montréal, le 16 mars. Entre deux spectacles, Brach bosse sur des projets d'émission et de livre jeunesse, pour lesquels il s'entourera de collaborateurs aussi irrévérencieux que lui, tels qu'Armand Vaillancourt et Marc Séguin.

Quelle est la chanson que tu associes à l'enfance?

Peaches en Regalia de Frank Zappa

«Elle est davantage liée à mon adolescence. Mon frère aîné étudiait en musique et il écoutait (beaucoup) Peaches en Regalia, une chanson déjantée et multi-instruments. Elle évoque toute la liberté que se donnait Zappa. Il n'avait aucune barrière. Quand j'ai commencé à écrire, j'ai eu la volonté de ratisser large musicalement, afin de ne pas conditionner le public à avoir des attentes. Je me donne la permission de faire une toune électro si je veux, sans qu'on me dise: "Ça, c'est pas du Philippe Brach!"»

Nomme-moi une chanson qui te fait penser à la vie de tournée.

On the Road Again, de Willie Nelson

«Une chanson parfaite pour déconner dans le camion sur la route entre deux villes. J'aime faire de la route et de la scène. Je reste toujours après les shows pour rencontrer le monde. J'adore ça. Et chaque fois, je réalise que je ne connais pas vraiment mon public tellement il est hétéroclite.»

Y a-t-il une chanson que tu aurais aimé avoir créée?

Chanson noire, d'Harmonium

«Mon père, un gros fan d'Harmonium, m'a donné ses vinyles du groupe, que j'ai usés à la corde. Chanson noire est une oeuvre qui parle et qui me parle. Je n'ai jamais essayé de comprendre pourquoi, mais simplement de la ressentir. Car elle transcende les explications. Je l'ai écoutée au moins 1000 fois et j'ai encore la chair de poule en l'écoutant...»

De quelle chanson es-tu particulièrement fier?

T'aurais pas pu nous prendre à deux

«Elle est sur mon premier album. C'est plate, j'aurais aimé en choisir une récente [rires]. Mais je trouve que c'est ma chanson la plus complète, dans son dialogue entre le texte et la musique. Et c'est rare en ostie, les tounes dont je suis fier après des années. Je me suis inspiré de mes grands-parents, en les transposant dans une fiction. Ça raconte l'histoire d'une personne âgée croyante qui a perdu sa douce moitié et qui s'adresse à Dieu parce qu'il veut aller la rejoindre. Souvent, si quelqu'un n'aime pas ce que je fais, je lui montre ce texte-là, et ça l'accroche.»

Quelle est la première chanson que tu as interprétée sur scène?

Le gars d'la compagnie, des Cowboys Fringants

«Par contre, je suis moins fier de cette expérience. Oh boy, je l'ai maganée! C'était dans le cadre de Secondaire en spectacle, au séminaire à Métabetchouan, au Lac-Saint-Jean, un laboratoire où on peut justement faire des choses inacceptables avec les tounes des autres. C'est drôle, lors de cette première apparition sur scène en secondaire 1, je jouais avec Pierre-Olivier Gagnon; après, on s'est perdu de vue, puis aujourd'hui, il est mon bassiste depuis quatre ans.»

Nomme-moi une chanson que tu as découverte en voyage...

Simply Beautiful, d'Al Green

«J'avais 17 ans et je faisais le tour de la France avec un sac à dos. Un jour, j'ai été hébergé chez un gars bizarre, obsédé par le surf. Au milieu de la soirée, sa blonde est arrivée pour veiller avec nous. Il m'a demandé si je voulais écouter de la musique et il a mis Simply Beautiful et d'autres hits d'Al Green, que je ne connaissais pas. C'est une musique soul, très lente, langoureuse, sensuelle... J'étais un ado un peu terrorisé qui se demandait si c'était une invitation subtile à un ménage à trois... Finalement, il ne s'est rien passé. Mais je suis reparti de chez lui avec un gros sourire au visage; et cette chanson dans mes bagages.»