Le rappeur a lancé un EP de quatre pièces, puis l'album Une année record en 2017. Le clip de sa chanson 56K a fracassé le million de visionnements sur YouTube. Son moment: Les jours qui ont précédé le lancement de son nouvel opus.

«La période la plus intéressante pour moi cette année, ce n'est pas la journée où j'ai fini mon album, mais plutôt entre l'instant où on l'a terminé et celui où on l'a sorti.

«Il y a une histoire qui représente bien cet instant; c'est une entrevue avec un cycliste que j'ai regardée un jour. Cet athlète très décoré racontait que les gens lui demandent toujours ce qu'il ressent au moment où il franchit la ligne d'arrivée. La "gloire" de gagner et monter sur les podiums. Et lui, il répond que oui, ça fait partie du plaisir de remporter la course, mais que le moment le plus précieux à ses yeux, c'est quand il se rend compte qu'il va gagner, mais qu'il n'a pas encore franchi la ligne d'arrivée. À ce moment, tout pourrait arriver, il pourrait tomber même, il va tout de même gagner, il le sait et n'a pas encore à partager la victoire avec qui que ce soit. Il n'a pas non plus à la défendre. Lui s'entraînait pour ça, pour vivre cette fraction de seconde.

«Dans notre cas, ce n'était pas un instant aussi bref. À ce moment-là, on ne peut plus changer l'album, c'est le produit final de tout notre travail. Cette consécration nous appartient à nous, à 100 %.

«Et contrairement au cycliste, ce n'est pas un moment que j'ai vécu seul. C'était un travail d'équipe et on a partagé ces quelques jours, avec Ajust [Alex Guay], Ruffsound [Marc Vincent] et William Fradette. On écoute l'album, on s'en parle et on célèbre notre accomplissement. Puis, à la sortie du disque, on passe à une autre étape. 

«Rien n'est jamais aussi spécial que lorsqu'on est juste trois ou quatre personnes et qu'on sait ce qu'on a entre les mains.»

«On était confiants d'avoir quelque chose de solide, mais ce qui arrive après, c'est toujours un peu imprévisible. Il y a plein de moments géniaux qu'on vit à travers le processus, mais on ne peut pas vraiment en profiter tant que ce n'est pas fini.

«Ça a changé ma vie de terminer l'album. Non pas dans le sens de la gloire ou de choses superficielles, mais à partir du moment où je l'ai fini, j'ai pu reprendre un mode de vie sain. J'ai recommencé à interagir avec les gens. Dans le processus de création, tout ça devient un peu obsessif. Une fois que c'est terminé, la pression est relâchée.»