Avec Laurent Voulzy, le soleil donne plus que jamais sur Belem, son 9e album studio pour lequel le chanteur français a enfin réalisé son rêve: faire un disque brésilien, entre ballades bossa nova et «rockcollection» façon samba, dont il dévoile à l'AFP les secrets de fabrication.

À l'origine de Belem

La musique brésilienne est dans l'ADN musical de Laurent Voulzy depuis l'adolescence et sa rencontre avec la guitare. «Tout me plaisait, le classique, la pop quand elle a débarqué d'Angleterre, la bossa nova», dit celui dont les influences brésiliennes ont infusé sur des titres comme Le rêve du pêcheur, Le soleil donne ou encore Slow Down.

L'idée de faire un album brésilien a germé il y a quelques années lorsque le pianiste Philippe Baden Powell, fils du guitariste Baden Powell (inventeur de l'afro-samba), voulut enregistrer un album brésilien avec ses chansons. «Il voulait les traduire et les chanter, notamment Rockcollection. Mais le projet est tombé à l'eau».

«Mais je trouvais que c'était une bonne idée, enchaîne-t-il. J'ai récemment revu Philippe et je lui ai dit, on va le faire, on va enregistrer ce Rockcollection brésilien. Au final, on a fini par faire un album».

«Sambacollection»

Quarante ans tout rond après Rockcollection, sa déclaration d'amour aux succès pop-rock des années 60 qui le fit connaître du grand public, Voulzy rend cette fois hommage à la samba et à la bossa nova, sur le même principe: des couplets en français alternés avec des refrains de succès brésiliens. Une sorte de «Sambacollection» intitulée Spirit of Samba, fractionnée en trois pistes aux rythmes différents, d'une durée totale de 18 minutes.

«Cette chanson, je l'ai faite avec le même état d'esprit que Rockcollection. J'ai de l'admiration pour tout ces artistes», comme Antonio Carlos e Jocafi (Você Abusou), Antonio Carlos Jobim (Insensatez), Chico Buarque (Partido Alto).

Auteur des paroles sur sept titres, dont Spirit of Samba, le complice de toujours Alain Souchon «s'est mis sans problème dans le truc», affirme Voulzy. «Et il a plutôt bien trouvé les mots: "Pour le coeur la samba c'est bien/Les gens malheureux le sont moins", c'est quand même pas mal, non?».

De Belem à Bethléem

Belem, qui donne le titre au disque, est la seule chanson qui ne sonne pas brésilien. La pop reprend ses droits, comme si Paul McCartney tentait de retenir Laurent Voulzy par le manche de la guitare avant de le laisser prendre l'Atlantique.

«À un moment, en studio, le mot Belem est prononcé. Ça a fait tilt, voilà le titre de l'album! Et je dis à Alain (Souchon) que j'aimerais bien faire une chanson qui s'appelle Belem, qui m'évoque la ville du nord du Brésil, mais aussi un trois-mâts construit pour la flotte des Antillais», explique-t-il.

«Et Alain a trouvé d'autres parallèles, m'énonçant: "La Tour de Belem à Lisbonne. Puis vers chez toi, il y a la forêt de Bellême (dans l'Orne). Et surtout, Belem, ça vient à l'origine de Bethléem".»

Enfin le Brésil

Faire un disque brésilien c'était une chose. Mais découvrir le «Pais Tropical» cher à Jorge Ben, en était une autre pour Laurent Voulzy. Qui aura attendu 68 ans (son âge) pour franchir le pas cet été, l'hiver là-bas.

«Je ne sais pas pourquoi j'ai mis autant de temps à y aller, souffle-t-il, mettant cela sur le compte de la procrastination, avant de confesser avoir «mis trente-cinq ans à aller en Guadeloupe où j'ai été conçu».

À Rio de Janeiro, il a tourné le clip de Spirit of Samba et surtout enregistré quatre chansons sur la plage de Grumari. En prise directe, sur lesquelles on entend le bruit des vagues. «Et un chant d'oiseau! Quelle chance incroyable!».

«Les vagues, la guitare, la voix», voilà le plaisir originel ressenti au Brésil par Laurent Voulzy, qui caresse à présent un autre rêve: «Si jamais le disque sort là-bas, j'aimerais bien y faire des concerts».