Adele Adkins fut sacrée reine de la 59e présentation des Grammy, dimanche soir au Staples Center de Los Angeles. La chanteuse anglaise a remporté le gros lot avec cinq statuettes, s'emparant d'un trône que plusieurs attribuaient d'entrée de jeu à l'Afro-Américaine Beyoncé Knowles.

Adele s'est ainsi imposée dans les catégorie album de l'année, enregistrement de l'année, chanson de l'année, meilleur album pop vocal et meilleure performance pop solo.

Quant à sa célébrissime collègue qu'elle a chaudement félicitée au terme de la cérémonie, elle n'est repartie qu'avec deux statuettes: meilleur album urbain/contemporain et meilleur clip vidéo - ces nomenclatures incluent également les trophées gagnés avant le gala télévisé.

Autre gagnant notoire, le MC hip hop Chance the Rapper s'est illustré dans les catégories album rap de l'année, révélation de l'année et meilleure performance rap.

En ondes ou hors d'ondes, le regretté David Bowie a gagné pour sa part quatre Grammy : meilleur album de musique alternative, meilleure performance rock, meilleure chanson rock, meilleur enregistrement studio non classique.

Huit fois sélectionné, Drake n'a récolté qu'une statuette (meilleure performance rap/chant), tandis que Rihanna, Kanye West, Justin Bieber, Radiohead et Ariana Grande, tous sélectionnés plusieurs fois, ont mordu la poussière.

La chanson Stressed Out du tandem Twenty One Pilots l'a même emporté sur Work de Rihanna et Drake, soit dans la catégorie Meilleure performance pop/duo ou groupe.

Comme prévu, Drake, Kanye West, Frank Ocean et Justin Bieber ont brillé par leur absence à la soirée dominicale. Autre absence remarquée au programme sauf exception (A Tribe Called Quest), l'évocation du nouveau contexte américain sous la présidence de Donald Trump a été diffuse, retenue, pour ne pas dire timorée.

Quelques faits saillants

Adele Adkins a lancé le fameux gala avec son mégatube Hello. Elle fut à la hauteur de la situation, sans offrir une prestation historique pour autant.

Pour amorcer son animation, l'irrésistible James Corden a suggéré la désopilante fiction d'un numéro raté, coiffé d'un rap relevé à souhait. Célèbre pour son segment Carpool Karaoke dans son late show éponyme, il a aussi invité Neil Diamond et plusieurs vedettes à entonner le classique Sweet Caroline dans une voiture en carton.

On retiendra aussi son allusion aux tweets négatifs concernant le gala, considérés comme faux. On se souviendra des parents de l'animateur britannique, présents dans la salle; pour épicer leur anniversaire de mariage, ils ont consenti à un échange (fictif) de partenaires. Tout simplement pissant!

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L'animateur de la soirée, James Corden.

Après avoir fait très poliment allusion à la conjoncture américaine, Jennifer Lopez annoncé la victoire de Chance the Rapper en tant révélation de l'année (ou meilleur nouvel artiste). Ce dernier n'a alors cessé de remercier Dieu et sa famille, sans compter sa ville d'origine (Chicago) et la liberté inhérente au geste créateur.

Le Canadien The Weeknd a entonné I Feel It Coming, accompagné du tandem français Daft Punk. Honnête.

Après des performances plutôt fades et prévisibles de Carrie Underwood et de Lukas Graham, on a vu un Ed Sheeran assurément «en amour avec ton corps».

Présentée par sa maman en personne, Son Altesse Beyoncé est apparue telle une déesse africaine, splendide procréatrice (très enceinte!), impératrice de la vallée du Nil transplantée en Amérique, monarque auréolée d'hologrammes de soie... avant que ne se déploie un immense numéro de production, pour l'interprétation de Sandcastles.

Bruno Mars est monté une première fois sur scène dans un joli numéro de production autour de la chanson pop soul That's What I Like.

Katy Perry, elle, a choisi de faire sauter les clôtures de son enclos bleuté avec la chanson reggae pop Chained to the Rhythm, suivie de Gary Clark Jr, nouvelle star du blues tout de noir entonnant Born Under A Bad Sign.

On a pu goûter au mélange des genres entre country et soul : le tube Once révélait le tandem très incarné que constituaient Maren Morris et Alicia Keys.

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Beyoncé était vêtue d'une robe dorée et brodée de strass, les cheveux surplombés d'une coiffe dorée et parée d'un collier évoquant les bijoux tribaux.

Adele a rendu hommage à feu George Michael et a malheureusement trébuché en poussant un juron avant de reprendre Fastlove. On a vu la détresse et la tristesse traverser son visage.

La sonorisation de Moth into Flame, interprétée par Metallica de concert avec Lady Gaga, ne fut pas un modèle de sonorisation télévisuelle mais eut le mérite de présenter des performers déchaînés.

Le brillantissme réformateur country Sturgill Simpson nous a servi une version superbe de la chanson All Around You. Il était assisté des fameux Dap-Kings, complices de la regrettée Sharon Jones.

C'était évidemment la fièvre du... dimanche soir avec l'hommage aux Bee Gees.

Le numéro unifiant la nouvelle sensation Anderson .Paak, le groupe hip hop A Tribe Called Quest et le rappeur Busta Rhymes n'était pas le mieux ficelé, le propos en appelait néanmoins à la résistance à toutes exclusions de la société américaine mises de l'avant par son nouveau gouvernement. On aura certes retenu des rimes bien senties en ce sens, dont quelques invectives au «président agent orange».

On a évidemment chanté à la mémoire de Prince, autre grand disparu de 2016 avec une reconstitution des années 80, gracieuseté de The Time et Bruno Mars, ce dernier invitant la foule à suivre ce mot d'ordre : «Let's Go Crazy».

Enfin, on se souviendra de la performance éblouissante de Chance The Rapper, hip hop orchestral mâtiné de gospel.

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Les chanteurs de Twenty One Pilots ont enlevé leurs pantalons pour venir chercher leur prix du meilleur duo pop en caleçon, racontant s'en être fait la promesse il y a longtemps.