Donald Trump a prêté serment vendredi en promettant de rebâtir l'industrie américaine, mais il a déjà contribué malgré lui à un renouveau de la chanson politique d'opposition à sa présidence.

Sa campagne présidentielle, pendant laquelle le républicain n'a cessé de dénoncer les immigrés mexicains, les musulmans et d'autres minorités, avait déjà provoqué un déluge de chansons contestataires.

Mais son investiture comme 45e président a généré une nouvelle vague de titres engagés.

Désireux de faire entendre leur frustration, ces chanteurs ont surtout fait vibrer leurs guitares et mis les décibels, mais certains portent un regard plus sombre et contemplatif sur la nouvelle administration.

Deux groupes ont sorti des nouveaux titres le jour de l'investiture, après plusieurs années de silence: Arcade Fire, un des groupes les plus connus du rock indépendant, et les rockeurs virtuels de Gorillaz, menés par le chanteur de Blur, Damon Albarn.

La chanson d'Arcade Fire, I Give You Power, est rythmée par une musique électronique à laquelle se mêle la voix R&B de l'ancienne militante des droits civiques Mavis Staples.

Les profits de cette chanson seront redonnés à la puissante association de défense des libertés individuelles (Aclu, American Civil Liberties Union) qui a promis que la nouvelle administration rendrait des comptes devant les tribunaux.



«No Trump, No KKK»


De manière similaire, le nouveau titre de Gorillaz, Hallelujah Money, mélange sur un lent rythme trip-hop musique électronique et voix de Benjamin Clementine.

Plusieurs musiciens ont adopté un ton plus virulent depuis l'élection de Donald Trump le 8 novembre.

Green Day a ainsi scandé «No Trump! No KKK! No Fascist USA!» en se produisant aux récompenses de la musique, les American Music Awards, en novembre, recyclant un slogan punk qui a été depuis repris par les manifestants anti-Trump.

Le rappeur Joey Bada$$ a marqué l'investiture avec Land of the Free, qui évoque les inégalités raciales aux États-Unis après le départ du premier président noir.

Le DJ Moby, militant depuis des années, a sorti une vidéo pour son titre d'inspiration punk Erupt and Matter, qui montre des images de Donald Trump en alternance avec d'autres photos de dirigeants d'extrême-droite, de dictateurs, et d''échauffourées dans les rues.

D'autres chansons politiques proviennent de sources plus surprenantes. Fiona Apple, connue pour ses chansons féministes, a sorti le titre Tiny Hands, en référence à un ex-rival de Donald Trump pendant les primaires, Marco Rubio, qui s'était moqué de la petite taille des mains du milliardaire.

Dans le clip de la chanson, Apple a mis des extraits d'une vidéo qui avait fait scandale en octobre dans laquelle Donald Trump se vantait de se payer les femmes qu'il voulait et de les «attraper par la chatte».

L'album Battle Hymns est sorti pour l'investiture. Il compile plusieurs titres inédits des plus grands groupes de rock indépendant des années 1990, dont Pavement, Sleater-Kinney et Built to Spill.



Contraste avec Obama


Et d'autres titres politiques vont sortir. Our First 100 Days prévoit de sortir des chansons pendant le début de la présidence Trump pour soutenir les mouvements de défense des minorités et d'autres causes considérées comme menacées par la nouvelle administration.

Il fait suite au 30 Days, 30 Songs qui avait réuni pendant la campagne des artistes comme R.E.M., Death Cab for Cutie, Aimee Mann et Franz Ferdinand.

Ces chansons engagées marquent un contraste avec les huit années au pouvoir de Barack Obama, qui frayait avec les plus grands musiciens contemporains comme Beyoncé, Bruce Springsteen ou U2.

L'ancien président a aussi surpris quand il en a invités à la Maison-Blanche ou s'est montré sincèrement enthousiaste pour des artistes innovants tels que Kendrick Lamar ou Frank Ocean.

Donald Trump a peiné lui à trouver des artistes de renom pour les festivités de son investiture, finalement marquée par les accents patriotiques de musiciens country.

En soulignant qu'il avait gagné la présidentielle en dépit du soutien des artistes à sa rivale Hillary Clinton, il a contribué à réinstaller les musiciens dans sa relation antagoniste traditionnelle avec le pouvoir.