Leur musique n'a rien à voir avec la pop rose bonbon des Spice Girls, mais elles l'avouent sans détour: elles étaient fans hier, et le sont toujours. La Presse a réuni les chanteuses Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne de Milk & Bone, Valérie Daure, Safia Nolin, Fanny Bloom et l'actrice Debbie Lynch-White pour discuter de leur amour des Spice Girls. Conversation entre filles.

Quel souvenir gardez-vous des Spice Girls?

Laurence: C'est mon premier sentiment d'être fan de quelqu'un pour vrai, vraiment fort. Avant les Spice Girls, je n'avais jamais ressenti ça, de l'amour si fort pour un band, pour de la musique, pour des tounes.

Debbie: On jouait aux Spice Girls dans ma chambre. On se faisait des clips, on chantait, mais je ne les ai jamais vues en show. Elles ont amené un look, aussi. On a toutes eu des souliers plateformes... mais on ne savait pas marcher avec! [rires]

Safia: J'avais une poupée de Victoria... mais je l'aime trop pas! [rires] Et je pense que j'ai dû voir le film Spice World 600 fois.

Valérie: C'est surtout le girl power que j'ai retenu, cette espèce de tightness entre les filles. Normalement, les filles sont toujours en compétition pour des raisons stupides, mais elles se rassemblaient pour être fortes ensemble. Ça m'a marquée. Encore aujourd'hui, j'ai vraiment ce désir constant de recréer une unité entre les femmes.

Safia: Ça n'enlève pas leur talent, elles sont toutes super bonnes, mais je pense que tout est un peu un produit. Et au départ, ce n'était qu'un produit. Ce n'était pas cinq filles qui ont fait: « Hey, on fait de la mus' ensemble? » [...] C'était vraiment l'usine de girl bands.

Qu'est-ce que ça signifiait pour vous, le girl power?

Fanny: C'est plus en vieillissant que ça a pris son sens. [...] Je pense que c'est un premier modèle, pour notre génération, de femmes qui agissent de cette façon-là.

Laurence: Dans le film Spice World, elles font ce qu'elles veulent, elles font des folies, elles se foutent un peu de tout! [...] Je ne pense pas que c'est juste les Spice Girls [qui ont véhiculé ce message], mais je pense que c'est quelque chose qui a beaucoup marqué notre génération, dans l'attitude qu'on a en tant que jeunes femmes: «Il n'y a pas de limite.»

Valérie: S'assumer dans les différences, aussi. C'est ça qui était beau: cinq filles complètement différentes qui se tenaient. Quand j'étais jeune, j'étais à peu près la seule Noire à Saint-Jean, je dealais avec beaucoup d'affaires qui m'ont fait prendre conscience peut-être plus rapidement de ces choses-là. Moi, ça m'a inspirée beaucoup.

Vingt ans plus tard, est-ce que leur musique a bien vieilli?

Debbie: J'en écoute encore!

Fanny: Ça a été bien fait, c'est encore bon, et aujourd'hui plus que jamais, parce qu'il y a une tendance à un retour à ce type de musique.

Camille: Au cégep, j'avais un band vocal, et on avait décidé de reprendre Wannabe. [...] En décortiquant une chanson pour la faire vocalement, tu vois vraiment si elle se tient ou pas, et c'était parfait. C'est vraiment une bonne toune, les verses s'échangent bien... et il y a du rap!

Debbie: J'ai fait un cover de Wannabe moi aussi. En show, c'est super rassembleur.

Est-ce que le groupe vous a influencées dans votre décision d'aller vers une profession artistique?

En choeur: Oui!

Safia: C'est sûr que si j'écoute ça, c'est loin en crisse [de mon style de musique]. Mais c'est ça, faire de la mus'. Tu comprends pas [les influences], mais c'est là pareil [...]. Man, les Backstreet Boys pis elles ont fucking changé ma vie! Surtout le film. [rires]

Camille: Je pense que ça vaut pour n'importe quelle musique que tu écoutes en bas âge. [...] Le fait d'écouter ça, de trouver ça cool, de faire des chorégraphies avec des amis, ça met en confiance pour faire de la musique après.

Laurence: Et c'était [pour nous] le premier modèle de femmes qui font de la musique.

Valérie: Je travaille sur un projet de sitcom et, pendant l'écriture, j'avais vraiment les Spice Girls en tête. Pour le pilote, j'ai réuni six filles complètement différentes, mais qui ont un amour inconditionnel les unes pour les autres. [...] On essaye de véhiculer ces valeurs d'unité, d'arrêter de se comparer. Il faut juste s'accepter et s'unir pour être plus fortes.