Comment ils sont entrés dans un groupe. Comment ils en sont sortis. *

Salut...

Ça a commencé en bas de l'hôtel Iroquois.

«Avant Maneige, il y a eu Lasting Weep. Le groupe avait été fondé par Alain Bergeron et moi en 1968. On jouait du blues avec de la flûte traversière, inspiré par Jethro Tull. En 1970, on a fait le festival de Manseau et joué en première partie de King Crimson au cégep Saint-Laurent.

«De beaux souvenirs, mais, finalement, il y a eu des différends à propos de la direction musicale. Il y en a qui voulaient faire plus rock ou plus jazz. Moi, j'étudiais au Conservatoire et je me dirigeais plus vers des pièces fusion classique. Alors, Alain et moi, on a quitté et on a commencé le groupe Maneige, avant que Gilles Schetagne [percussions], Yves Léonard [basse] et Paul Picard [guitare] viennent nous rejoindre.

«Au début, on a joué au kiosque international de Terre des Hommes pour se faire connaître un peu. Mais ça n'a pas pris de temps avant qu'on se mette à jouer à l'Imprévu en bas de l'hôtel Iroquois, dans le Vieux-Montréal. Ça marchait, on faisait salle comble. On a fait la première partie d'Ekseption au centre sportif de l'Université de Montréal. On était vraiment rodés. On leur a un peu volé la vedette. C'est là que les représentants de Capitol nous ont approchés pour nous offrir un contrat. On a fini par lancer notre premier disque en 1974 sur Harvest, qui était aussi l'étiquette de Pink Floyd. Il s'en est vendu 20 000 exemplaires au Québec.»

Bye!

Ça s'est fini pour cause de divergence musicale.

«Après le deuxième album, il y a des membres dans le groupe qui voulaient faire des morceaux plus accessibles, plus courts et peut-être plus rock. On était tellement différents qu'ils voulaient être moins différents ! Moi, je ne me sentais pas à l'aise. Et je n'étais pas non plus intéressé par la vie de tournée. 

«Je ne suis pas le genre de personne qui s'impose, alors, quand est venu le temps de faire le troisième album, je me suis mis à penser à une autre direction que je voulais prendre. Je leur ai dit que j'allais quitter le groupe, mais je suis resté un an de plus pour leur donner le temps de se monter un nouveau répertoire. On a joué à la Place des Arts, c'était difficile. Les autres étaient plus portés à jouer leurs nouvelles musiques et il fallait que je joue ces pièces sur scène avec eux [rires] ! Il y avait un peu de tension. Des fois, je me dis que j'aurais dû partir d'un coup, mais j'avais donné ma parole.

«Est-ce que j'aurais aimé qu'Alain me suive dans cette direction-là? Je pense que oui. Mais on ne s'est pas laissés en si mauvais termes. C'était d'un commun accord.

«En quittant le groupe, en 1976, j'ai organisé un concert baptisé "l'Albatros" quatre soirs en file avec les membres de Maneige et de Lasting Weep. C'est comme si je bouclais la boucle. Je n'ai pas rejoué avec Alain Bergeron. Ah si, peut-être une fois, dans un party de famille. Parce qu'il a marié ma soeur, finalement.»

Toujours vivant!

Depuis 40 ans, Jérôme Langlois mène une discrète carrière de compositeur et a écrit notamment pour le cinéma. Son nouveau projet le passionne particulièrement: il donne un concert par saison, en direct de son studio. Les performances sont diffusées en streaming; il faut acheter les billets sur le site inmystream.com. Son prochain spectacle aura lieu en novembre «avec des surprises et des invités» et inclura sans doute des pièces de Maneige. «J'ai beaucoup de choses à partager», lance le musicien, ajoutant qu'il vient d'apprendre le saxophone.

* Une série librement inspirée du magazine Mojo.