Comment ils sont entrés dans un groupe. Comment ils en sont sortis. Cette semaine: Richard Séguin et La Nouvelle Frontière.

Ça a commencé dans une école secondaire. Ça s'est fini en studio parce que ça bouillait trop...

«Au début de La Nouvelle Frontière, il y avait Robert Letendre, ma soeur Marie-Claire et moi. On s'était rencontrés tous les trois parce qu'on faisait de la musique au collège Roussin. Marie-Claire et moi, on avait 16 ans. Robert était un peu plus âgé, c'est lui qui a écrit nos premières chansons. Il connaissait tout ce qui se faisait dans la musique folk et nous a fait découvrir Joan Baez, Simon & Garfunkel, Peter, Paul and Mary...

«Les autres membres se sont rajoutés tranquillement: André Brault (basse), Normand Théroux (orgue), Denis Chénier (batterie)... À la fin, on était six. On a commencé à faire des spectacles dans notre coin, dans l'est de Montréal. Très vite, on a été signés chez Gamma, la compagnie de disques de Robert Charlebois, Louise Forestier et Claude Gauthier. Je crois que ce qui avait attiré leur attention, c'est que, contrairement à beaucoup de groupes de l'époque, on avait des chansons originales en français et non des versions traduites. Avec Gamma, on avait la chance d'avoir plus de rayonnement. Ça nous a permis, entre autres, de faire la première partie de Johnny Hallyday! On a aussi gagné un prix remis aux jeunes groupes prometteurs.

«C'était effervescent à cette époque-là. Tout était nouveau. Tout se passait très vite. Notre premier album a été enregistré en trois jours, avec des musiciens professionnels qui avaient été engagés pour jouer nos chansons parce que dans ce temps-là, le temps de studio coûtait très cher. C'est au deuxième album que ça s'est gâté, quand on a voulu jouer sur nos propres tounes...»

«Après le premier album, il y a eu un mécontentement quant à l'orientation musicale. Tout le monde avait des influences différentes. André Brault aimait Sly & the Family Stone. Normand Théroux était vraiment à l'écoute des groupes britanniques de l'époque: Gentle Giant, des choses comme ça. Robert, Marie-Claire et moi, on était très folk. Il y a eu une dissension et ça a été très difficile de faire le deuxième album, qui s'appelait L'hymne aux quenouilles.

«En studio, ça allait mal, ce n'était pas harmonieux. Je me souviens que le producteur Josh Hagopian nous a dit: "Sortez tous, je vais essayer d'arranger les tracks." Ça s'obstinait, il y avait des caractères bouillants. Tu ne peux pas jeter la pierre à quelqu'un en particulier. Quand tout le monde donne son avis en même temps, tout bouille! Chacun avait sa direction et chacun voulait entendre les choses différemment. Le problème, c'est que les chansons n'avaient pas été définies avant d'entrer en studio. Je pense qu'on n'était pas prêts quand on a commencé à enregistrer.

«Le groupe s'est scindé tout de suite après la sortie du disque. En fait non, je pense que ça s'est terminé en studio! [Rires] Quand l'album est sorti, on n'existait déjà plus. On a fait quelques spectacles, mais on a vite pris des directions différentes. D'ailleurs, ce n'était pas évident que tout le monde voulait faire carrière dans la musique. Chénier est allé faire de la construction. Théroux a perfectionné ses études et travaillé à l'Observatoire du Mont-Mégantic. Robert est devenu représentant pour une compagnie de guitares. C'est à ce moment-là qu'avec Marie-Claire, on a décidé de continuer juste tous les deux...»

Toujours là!

Richard Séguin n'a jamais lâché la musique et poursuit sa carrière à son rythme, fidèle à ses convictions et à ses racines folk. Il vient de lancer son 12e album solo, Les horizons nouveaux, et prépare une série de spectacles pour l'automne.

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* Une chronique librement inspirée du magazine Mojo