Les hommages continuaient d'affluer du monde entier vendredi au lendemain de la mort brutale à 57 ans du chanteur américain Prince, musicien de génie qui a marqué des générations d'admirateurs, décédé dans des circonstances encore mystérieuses.

Alors que les autorités cherchent à faire la lumière sur le décès de ce visionnaire multi-instrumentiste, mort dans un ascenseur de sa résidence dans le Minnesota, bâtiments et sites web se coloraient de pourpre, couleur fétiche de Prince.

Des personnalités - de Barack Obama à Madonna ou Mick Jagger -, d'innombrables anonymes, mais aussi la NASA qui a twitté sur une « nébuleuse pourpre », tous ont dit leur tristesse et leur émotion à l'annonce du décès de l'« enfant de Minneapolis ».

Dans sa ville natale, des milliers d'admirateurs se sont rassemblés pour danser dans le club où Prince avait enregistré la version filmée de Purple Rain, l'album qui l'avait consacré en 1984. Et des fêtes spontanées à sa mémoire ont fait éruption dans les rues de New York comme devant la résidence du réalisateur Spike Lee.

Un pont de Minneapolis a été inondé de lumière pourpre, et le New Yorker illustrait la Une de son édition de lundi d'une pluie de gouttes lavande et iris sur fond violet.

Le logo multicolore de Google est apparu en magenta sur lequel des lettres tombent en gouttes de pluie animées.

Traité pour une surdose six jours avant sa mort



La mort de Prince est survenue une semaine à peine après que la vedette eut été hospitalisée en urgence.

« C'est avec une profonde tristesse que je confirme que le légendaire interprète, Prince Rogers Nelson, est mort dans sa résidence de Paisley Park ce matin », avait indiqué sa porte-parole, Yvette Noel-Schure.

Construit près de Minneapolis après l'énorme succès de Purple Rain, Paisley Park était devenu son centre de création, comprenant studios, salle de concert et chambre forte pour ses enregistrements originaux.

La police enquête sur les circonstances du décès du chanteur, retrouvé inconscient dans un ascenseur. Il été déclaré mort jeudi à 10 h 07 (15 h 07 GMT).

Les services d'urgence ont reçu un appel dont la transcription a été diffusée par la police.

« On est à Minneapolis, Minnesota et nous sommes à la résidence de Prince », indique la personne qui appelle, ajoutant au cours du dialogue : il y a « quelqu'un qui est inconscient » puis affirmant « la personne est morte », avant de dire « C'est Prince ».

Le chanteur aurait été traité pour une surdose d'opiacé six jours avant sa mort, selon le site d'informations sur les célébrités TMZ, qui avait annoncé que l'avion privé de Prince avait fait un atterrissage d'urgence vendredi dernier à Moline dans l'Illinois (nord), quelques heures après un concert à Atlanta.

« De multiples sources à Moline nous disent que Prince a été amené d'urgence à l'hôpital et que les docteurs lui ont fait une "save shot" (injection de neutralisation, NDLR), ce qui est typiquement administré pour contrecarrer les effets d'un opiacé », poursuit le site, qui affirme que Prince avait quitté l'hôpital en dépit des recommandations des médecins et « ne se sentait pas bien ».

8 millions de gazouillis

Ces dernières années, le musicien rebelle, se produisant tantôt à moitié nu, tantôt en costumes flamboyants et chemises à jabots, avait tenté de prendre de court les revendeurs de billets en annonçant ses concerts quelques heures avant son entrée en scène.

« Le monde a perdu une icône créatrice », a salué le président américain Barack Obama, qui avait invité Prince à jouer à la Maison-Blanche l'an dernier. « Prince a tout fait. Funk. R&B. Rock and roll. C'était un instrumentiste virtuose, un brillant chef de groupe, un interprète fabuleux », a ajouté M. Obama.

Madonna a encensé un « vrai visionnaire » qui a « changé le monde », Mick Jagger, un artiste au talent « infini ». Pour la pop-vedette Katy Perry, « le monde a perdu beaucoup de sa magie ».

La « Reine de la Soul » Aretha Franklin a évoqué « un original, unique en son genre ».

Quant au chanteur de U2 Bono : « Je n'ai pas rencontré Mozart, je n'ai jamais rencontré Duke Ellington ou Charlie Parker, je n'ai jamais rencontré Elvis. Mais j'ai rencontré Prince », dit-il.

En quelques heures, l'annonce de la mort de Prince a généré plus de huit millions de gazouillis dans le monde depuis jeudi soir, un score « énorme », selon Visibrain, la plateforme de veille Twitter.

Parmi les dizaines de vedettes qui se sont exprimées sur les réseaux sociaux, l'acteur Will Smith raconte avoir parlé à Prince la nuit précédant sa mort, évoque un « magnifique poète », une « inspiration authentique ».

« Fier d'avoir passé le Nouvel An avec lui, a twitté l'ancien Beatle Paul McCartney. Il semblait aller bien et a interprété avec brio sa musique funk ».

Pour la vedette du hip-hop Chuck D, leader de Public Enemy, « la Terre a perdu une note ». Lenny Kravitz a remercié son « frère en musique », celui qui lui a révélé « les possibilités qu'il avait en lui ».

Mémoires attendus

L'« Enfant de Minneapolis » a été l'un des plus grands musiciens des années 80 et 90, avec des tubes comme « Cream » ou « Kiss » qui ont fait danser le monde entier, mêlant riffs de guitare, poésie des paroles et rythmes funk.

Il a publié une trentaine d'albums en près de 40 ans. D'après le magazine Forbes, il a vendu plus de 100 millions de disques.

Mesurant moins de 1,60 m, doté d'un immense charisme, celui qui rivalisait parfois avec Michael Jackson jouait l'ultra-sexualité dans ses paroles et son jeu de scène.

Lauréat de sept Grammy Awards et d'un Oscar pour la musique de « Purple Rain », album adapté en film semi-autobiographique, il avait annoncé le mois dernier qu'il allait publier ses mémoires.