Francis Malo n'a jamais vu Les Colocs en spectacle. Loin de là même, puisqu'il est né en 1993, l'année où le groupe québécois a sorti son premier album, qui s'est vendu à 150 000 exemplaires, en plus de connaître un succès instantané.

Cela n'empêche pas Francis d'être depuis cinq ans le guitariste de Passe-moé la puck, un groupe hommage aux Colocs. Il gère aussi les activités de son band. Sa première mission était d'orchestrer la rentrée montréalaise du groupe de Lanaudière.

«Il y a d'autres bands hommages aux Colocs et le nôtre est au-dessus de la mêlée», estime Francis, dont le jupon dépasse un tantinet.

Malgré tout, le jeune homme ne cache pas la pression - forte - qui existe dans le milieu de l'hommage. Cette saine compétition force son groupe à s'ajuster. «On charge un prix décent parce que nos musiciens sont de vrais professionnels», explique Francis, qui a déjà joué avec son groupe devant plusieurs milliers de spectateurs lors d'une fête de la Saint-Jean-Baptiste.

Un an après l'arrivée de Francis au sein du groupe, les membres originaux sont partis pour diverses raisons, ce qui a mené au recrutement de nouveaux musiciens, plus jeunes.

«Notre objectif est de faire revivre l'ambiance, la musique et le sentiment qu'on pouvait ressentir à un spectacle des Colocs.»

Les membres ne se contentent pas de jouer la musique des Colocs: ils incarnent le groupe. Ce souci du détail s'exprime dans les vêtements, les éclairages et même les perruques. «Plus il y a d'éléments qui ne concordent pas avec le vrai groupe, plus l'immersion est difficile pour le public. Déjà qu'on n'est pas les vrais musiciens», souligne Francis.

Pour un concert d'une heure et demie sans entracte, Passe-moé la puck demande de 2000 à 3000 $ environ. «On a parlé avec la famille de Dédé et aux anciens membres pour se rapprocher du groupe au maximum», ajoute Francis, qui travaille, dans sa vie «normale», dans une boîte de marchandisage, en plus d'avoir fondé une étiquette de musique.

Francis n'a pas honte de surfer sur la notoriété d'un autre band. Au contraire. «Les Colocs sont pour moi une icône dans la musique pop au Québec», résume-t-il.

PHOTO NINON PEDNAULT, LA PRESSE

Le groupe Alcoholica roule sa bosse depuis près de 20 ans au Québec.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE-LA PRESSE MONTREAL, QUEBEC---Sujet : Photo prise lors d’un concert de The Politiks en hommage au groupe Cold Play.----Samedi 05 Mars 2016 ARTS # 807 257

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE-LA PRESSE MONTREAL, QUEBEC---Sujet : Photo prise lors d’un concert de The Politiks en hommage au groupe Cold Play.----Samedi 05 Mars 2016 ARTS # 807 257

New World Men

Tout a commencé par hasard il y a un an et demi: un projet de monter un hommage à Rush avec des amis de longue date, suivi de l'enregistrement et de la diffusion d'une version de Tom Sawyer sur la chaîne YouTube. La réception a été bonne. New World Men a vu le jour.

«Notre mandat est de reproduire l'univers sonore du groupe, pas son look. On conserve nos personnalités», explique Mathieu Groulx.

De toute façon, reproduire la musique de Rush n'est déjà pas une mince tâche. N'importe quel mélomane le sait. Les fans de Rush aussi et on ne leur en passera pas une facilement. «On fait beaucoup de travail en production, en plus d'être très méticuleux sur les détails, parce que les fans vont le voir.»

Et les fans de Rush sont toujours au rendez-vous. «Ils aiment Rush. Point barre. On a des spectateurs qui nous ont vus six ou sept fois.»

Les trois musiciens du groupe hommage sont des fans finis de Rush, forcément.

«La découverte de Rush a été un tournant de notre vie d'ados. Le band a ravivé la flamme.»

Mathieu Groulx s'attend peut-être à connaître prochainement un autre tournant, puisque le batteur du groupe original, le légendaire et quasi inimitable Neil Pearl, songerait à la retraite. Une vraie cette fois, puisqu'il avait déjà mis ses activités professionnelles en veilleuse après la mort de son fils.

Une situation qui serait à l'avantage de New World Men, qui continuerait à jouer du Rush sur scène. «On livre la marchandise comme sur les albums. Certains nous ont même déjà dit qu'on était meilleurs que l'original, mais je ne peux pas me permettre de l'affirmer», lance Mathieu Groulx dans un éclat de rire, fébrile à quelques jours d'un spectacle à L'Assomption.

«On fait vivre des moments magiques aux gens. Ils ne viennent pas voir Rush, ils viennent entendre du Rush et nous voir. Par nostalgie et par amour», résume le batteur de 33 ans, qui enseigne le yoga lorsqu'il n'écume pas les salles de spectacle.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

New World Men