Destiné à soutenir Kanpe, organisme exemplaire dont la mission consiste à équiper des localités haïtiennes de moyens techniques pour leur développement et aussi à inculquer des notions d'auto-organisation à leurs habitants, le Kanaval Kanpe battait son plein, vendredi soir, à la Société des arts technologiques.

À guichets fermés? Un euphémisme. Jusqu'aux petites heures, la SAT fut remplie à craquer pour ce feu roulant de chanteurs, musiciens, ambianceurs et spectateurs déguisés, pointures à l'appui sur les planches - David Byrne, Win Butler, Régine Chassagne, Richard Reed Parry, Rainn Wilson et autres Saul Williams. Depuis quelques semaines, cet événement caritatif était très médiatisé vu la brochette de célébrités, ce qui explique la haute densité de cet auditoire « collé-serré », pour reprendre une expression créole - qui désigne normalement une danse lascive.

Qui dit mieux pour un méga party? Voyons voir.

D'abord, le choix du lieu était relativement discutable: la SAT est un amphithéâtre propice aux événements multimédia, moins pour un spectacle de ce type, c'est-à-dire se déployant devant une foule aussi compacte. Vu la hauteur du plafond, la scène n'y est pas assez élevée pour que l'on puisse voir correctement la performance, à moins d'en être proche. La sonorisation n'y était pas toujours idéale non plus; à ce titre, on a assisté vendredi à des hauts et des bas, comme on l'a déjà observé à la SAT...

Secundo, le concept du spectacle avait ses pour et ses contre.

Ses pour : il était fondé sur un enchaînement dynamique de courtes performances, tous les artistes y avaient leur place, sans qu'on ne mette trop l'accent sur les stars invitées. Ainsi, on a pu voir sur scène des artistes haïtiens parmi les plus doués qui gagnent à être connus, notamment Fwonte, Vox Sambou et Paul Beaubrun.

Ses contre : pour celles et ceux souhaitant une performance longue et substantielle des trois membres d'Arcade Fire et de leur invité David Byrne, consacré roi du Kanaval, c'était partie remise.

Quelques chansons et puis s'en vont...

Accompagnés par le très groovy Preservation Hall Jazz Band de La Nouvelle-Orléans (rien à voir avec ses incarnations passées, qui remontent aux années 60), Byrne et ses célébrissimes potes montréalais ont interprété des perles de Talking Heads - Road to NowhereSlippery People et This Must Be the Place (Naive Melody). On a conclu au quatrième titre, une chanson de circonstance : I Bid You Goodnight. Pourquoi pas une ou deux relectures d'Arcade Fire avec l'ami Byrne? Franchement, on en aurait pris un peu plus. Enfin... on a quand même ressenti une ferveur certaine émanant de la scène, pendant ce court moment...

Tout compte fait, ce fut davantage une fête sympathique et un événement mondain très couru qu'un spectacle parfaitement orchestré. La cause de Kanpe, elle, demeure intacte, inoxydable. Et on retournera au Kanaval en 2017.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE - LA PRESSE

Win Buttler et Richard Reed Parry

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE - LA PRESSE

Le chanteur Paul Beaubrun était accompagné d'une troupe de danse sur scène.